Prise de tête

Apprenez-leur à prendre des notes!

Il existe une très intéressante revue scientifique appelée Psychological Science in the Public Interest, dans laquelle on trouve toutes sortes de choses qui, vous le devinez, correspondent à ce titre.

Tout récemment, j’y ai lu un merveilleux article consacré aux stratégies d’étude et de révision: les inefficaces, qui sont, semble-t-il, beaucoup pratiquées par nos étudiant.e.s; et les efficaces, moins utilisées et souvent méconnues. (La référence de cet article est donnée ci-après; j’en présente l’essentiel dans le prochain numéro de la revue À Bâbord). Peu d’enseignant.e.s et peu de professeur.e.s s’étonneront de ce résultat.

Or étudier et réviser (je parle ici surtout pour la fin du secondaire, le cégep et l’université), cela commence souvent en prenant de bonnes et utiles notes de cours. Et, là aussi, bien des professeur.e.s qui ont pris le temps de regarder les notes de cours de leurs élèves et de leurs étudiant.e.s vous le diront, les stratégies inefficaces sont répandues.

Certains collègues, peut-être pour cette raison, préparent des notes de cours (parfois sur PowerPoint) qu’ils distribuent avant le cours. J’y vois des avantages, mais aussi des inconvénients, notamment cette privation de l’effort de faire sa propre synthèse, à moins d’annoter les notes de cours, ce qui reporte le problème.

Bien entendu, prendre des notes de cours en classe de mathématiques au cégep n’est pas la même chose que de prendre des notes de cours, disons, dans une classe de littérature à l’université consacrée à Prévert: ce qu’on note dépend chaque fois du domaine, de ce qu’on sait avant d’arriver en classe et d’autres facteurs, dont la valeur du cours et les qualités du pédagogue. Mais on se dit qu’il doit bien y avoir quelques stratégies générales et efficaces qu’on pourrait recommander et qu’il reviendrait ensuite à chacun d’adapter à sa personnalité, à la discipline concernée et ainsi de suite.

Eh bien, j’ai trouvé un tel système. Je pense qu’il ne coûte pas cher de le présenter à nos étudiant.e.s en début de session (une quinzaine de minutes devraient suffire) et qu’il pourrait s’avérer utile à plusieurs d’entre eux. En ce début de session, j’ai donc pensé vous en faire cadeau.

Le système en question, imaginé par Walter Pauk, est, dit-on, largement utilisé dans les universités américaines et s’appelle le système de prise de notes Cornell.

Le système Cornell

Pour commencer, vous préparez le gabarit suivant – sur papier ou en format Word, selon la manière dont vous prenez ses notes.

À gauche de la feuille, vous tracez une ligne verticale qui s’arrête à 6 centimètres du bas de la page et qui délimite une marge de 6 ou 7 centimètres: cet espace est la section d’indices de votre feuille de notes; à sa droite se trouve l’espace de prise de notes à proprement parler. En haut de cette feuille, vous notez les informations pertinentes sur la leçon: le nom du professeur, la date, le cours, le titre de la leçon, etc. À 6 centimètres du bas de la feuille, là où finit votre ligne de marge de tantôt, vous tracez sur toute la longueur de la page une ligne horizontale: c’est l’espace résumé de votre gabarit de prise de notes. Vous en trouverez un exemple ici, qui vous montre aussi comment créer ce document en format Word: http://www.timeatlas.com/cornell-note-template/.

Votre cours sur Prévert va commencer. Vous avez sagement prévu des abréviations pour les mots qui risquent de revenir souvent: G sera pour désigner Prévert (le génie); P pour Paroles; F pour films, S pour surréaliste ou surréalisme; C pour chansons; etc. À votre convenance. Et vous avez développé vos symboles personnels pour diverses locutions et pour des concepts usuels (plus grand que, hypothèse, histoire, etc.). Tout cela varie bien entendu selon les disciplines.

Vous écoutez donc attentivement le cours et, dans l’espace de prise de notes, vous – eh oui! – prenez vos notes de votre mieux, mais en changeant de paragraphe quand on change d’idée et en laissant partout assez de vides pour pouvoir au besoin rajouter des idées.

Tout de suite après le cours, mais pas plus de 24 heures après, vous relisez vos notes et vous inscrivez, dans la section indices (la marge de gauche), des questions (ou des mots clés) dont la réponse se trouve dans la section prise de notes. Et dans la section résumé, au bas de la page, vous vous faites un résumé des idées importantes qu’on trouve sur cette page.

Voilà. Vos notes sont prêtes. Et elles vous seront très utiles pour réviser. Pour cela, vous masquez la section prise de notes avec une feuille et vous répondez aux questions (ou réagissez aux mots-clés) de la section indices.

Comment étudier? À quelle fréquence? Comment espacer les séances d’étude? L’article cité répond à ces questions et à bien d’autres, et certaines des réponses sont surprenantes. Je vous y renvoie. Vous préférez un résumé qui va à l’essentiel? Lisez À Bâbord!

Bonne session.

Une lecture:

John Dunlosky et coll., «Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology», Psychological Science in the Public Interest, 2013, 14(1) pp. 4-58.