«Nous sommes taGueule, un crachoir collectif. Nous disons le mal dans l’espoir de faire le bien.»
Le site taGueule.ca, qui jadis, au milieu des années 2000, a été un portail d’idées 100% franco-ontarien, renaît ces jours-ci de ses cendres. Forum de discussions sociales et culturelles, il avait dans sa mire, de façon très divertissante il va sans dire, des intouchables du paysage franco-ontarien (on se souviendra du tumulte causé par un texte qui contestait la Fédération de la jeunesse franco-ontarinne ou du jour où quelques plumes critiquait la musique [sacrée] de Swing). C’était la première fois depuis des lunes qu’un discours de la marge, qui véhiculait des idées antinomiques avec le courant dit «grand public», revêtait une si grande importance et, du coup, faisait des grosses vagues polémistes et révoltées en direction des nombreuses instances qui agissent de près ou de loin auprès des populations qui s’identifient au drapeau blanc et vert.
Puis, ces tempêtes se sont tempérées, avant de se taire complètement. Le site a sombré dans les oubliettes des abysses de la commodité des réseaux sociaux. Des années plus tard, un vent de renouveau souffle sur ses créateurs, les poussant à dépoussiérer le portail et à rédiger le manifeste taGueule.ca, écrit dont vous avez lu les premières lignes en début de chronique.
Ainsi, dans cette refonte, les responsables de cette seconde vie tiennent mordicus à ce que le site soit un tant soit peu crédible. De fait, ils se sont forgé une équipe d’une trentaine d’intellectuels, de chercheurs, de journalistes, d’acteurs de la communauté qui alimenteront le site en textes éditoriaux (un peu comme la section blogues de notre site Voir.ca). Qui plus est, taGueule.ca affirme que les différentes idéologies (la gauche et la droite) seront représentées dans les questions abordées.
«C’est pas parce que c’est franco-ontarien que c’est bon», affirmait Christian Pelletier dans une entrevue avec Éric Robitaille à l’émission Grands Lacs Café de Radio-Canada. «Il faut arrêter de soutenir la médiocrité si on veut commencer à avoir des artistes qui ont de l’allure.»
Un tel discours ne pouvait arriver plus à point. On se souviendra du tumulte causé l’an dernier par le ministère de la Propagande, qui proposait entre toutes choses une version noir et blanc du drapeau franco-ontarien et s’est attiré la foudre de plusieurs acteurs du milieu. Alors que le discours devient de plus en plus aseptisé pour cause de conglomération des idées, des sources d’information, la communauté de taGueule.ca offre quelque chose de nouveau. Est-ce que son discours trouvera écho comme il l’a fait dans le passé? Seul l’avenir nous le dira, mais mon petit doigt me dit que quand la gueule s’ouvre, il s’avère bien ardu de la refermer.