Voix publique

L’année des indignés… et des indignes

L’année 2011 aura été celle de la rue. De la contestation, du trop-plein, de la colère. L’année des indignés… et des indignes.

Partout sur la planète, des centaines de groupes spontanés de contestataires se sont levés contre une crise économique de trop. Une crise née de la rapacité des indignes – ces gloutons de la haute finance – et de gouvernements trop souvent complices.

Cette année fut celle du printemps arabe. Dans ses espoirs, ses déceptions et ses populations immensément courageuses.

Au pays, 2011 aura marqué l’inauguration de l’an Un du règne sans partage de Stephen 1er. Un Canada «nouveau», mais qui sent tout de même le renfermé avec le retour en force de la monarchie britannique; un patriotisme aux relents militaristes dignes des meilleures républiques de bananes; le passage à la déchiqueteuse du registre des armes d’épaule et de bien belles prisons neuves.

Voici donc mon bilan traditionnel de fin d’année. Âmes sensibles, s’abstenir…

La résurrection de l’année: les idées conservatrices de l’ADQ. Elles renaissent presque toutes grâce à la CAQ de François Legault. Les caquistes veulent votre bien. Et ils l’auront, semble-t-il, en 2012.

Catégorie «grande braderie nationale»: le Plan Nord du gouvernement Charest.

Palmarès des fantômes: 1) Gilles Duceppe dans les sondages et les coulisses du PQ. 2) Jacques Duchesneau dans les cauchemars de Jean Charest. 3) Lucien Bouchard, le géniteur caquiste invisible.

Nouveau Colisée de Québec: grenade politique lancée par Pauline Marois dans ses propres rangs.

Le divorce de l’année: Jacques Parizeau et Pauline Marois.

Catégorie «on peut faire tout dire aux chiffres»: le vote de confiance de 93% de la chef du Parti québécois à son congrès d’avril.

Prix «increvable entêté» & meilleure imitation de Pierre Lalonde: Jean Charest.

Les grands disparus (politiques): Nathalie Normandeau, le Bloc, Michael Ignatieff, les Post-it et l’espoir du pouvoir pour le PQ.

Le grand disparu: Jack Layton.

Prix «découverte»: la députée adéquo-caquiste Sylvie Roy.

Buffet de l’année: les plates-bandes péquistes grugées par la CAQ, Québec solidaire, Option nationale et… l’indifférence.

Scandale des garderies: «Maman, papa! C’est pour qui l’argent dans l’enveloppe brune?»

La honte de l’année: ex æquo: 1) Un ministre de la Justice déguisé en haut-parleur partisan. 2) Un ex-premier ministre payé par une compagnie albertaine pour jouer au peddleur de gaz de schiste.

Expressions mémorables: 1) «On verra!» – ou François Legault vous cache des choses ou il en cache à ses caquistes… 2) Faire de la politique «autrement» – mystère et boule de gomme. 3) «Patente à gosses» – le député péquiste Stéphane Bergeron rebaptisant la commission d’enquête Jobidon annoncée par Jean Charest dès après le rapport Duchesneau. 4) «Je suis pas le genre de gars à me mettre la tête dans l’autruche» – Gérard Deltell sur ses amours caquistes. 5) «Extras»: les milliards qu’on se fait voler depuis des décennies. 6) «Piece of shit!»: lancé par Justin Trudeau au ministre de l’Environnement pour cause de lèse-Kyoto.

En rappel: construction, collusion, corruption, financement occulte des partis, mafia, évasion fiscale, on veut du changement, etc.

Le dérapage de l’année: traiter de «chasse aux Anglais» l’inquiétude réelle face au recul du français et l’embauche d’anglos unilingues jusqu’à la Caisse de dépôt et placement, la Cour suprême, Bombardier, la Banque Nationale et le Canadien de Montréal.

Acte d’acharnement thérapeutique: l’art qu’ont certains dans les médias de déterrer le cancer de Jack Layton en se réclamant du droit de tout savoir, même l’inconnu.

Le rescapé de l’année: Bob Rae.

Thomas Mulcair: l’homme que Stephen Harper ne veut pas voir, ou entendre, à la tête du NPD.

Catégorie «fabrication de faux consensus»: faire passer des débats d’idées pour de vulgaires «chicanes». Jamais une bonne chose en démocratie.

Les grands oubliés: 1) Les écoles passerelles anglaises par où passent les parents francophones et allophones pour acheter à leur enfant le «droit» d’éviter la honte d’avoir à étudier en français. 2) Les États généraux sur la souveraineté. 3) La lutte à la pauvreté (en rappel perpétuel).

Bombette politique: le rapport Duchesneau.

Perles de langue de bois: ni-de-droite-ni-de-gauche, ni-fédéraliste-ni-souverainiste.

Le souhait le plus entendu: un médecin de famille avant la fin de vos jours!

Cadeaux en vogue: autruches en peluche; dictionnaires français-anglais pour magasiner à Montréal; casques protecteurs pour personnes âgées en résidence; le jeu Lego «Bâtissez-vous un nouveau pont Champlain»; figurines d’Élisabeth II faisant des «bye-bye» à ses sujets; les tout nouveaux «Barbie & Ken à Harperland» – vendus ensemble ou séparément – chacun vient avec sa carte de membre du Parti conservateur, sa couronne, sa cornemuse, son portrait de la reine, son parlement en papier mâché, son carré de sables bitumineux, son costume de gardien de prison et son tank miniature.

Le roman québécois de l’année: Qui de nous deux? de Gilles Archambault – une œuvre puissante qui ne nous quitte pas.

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Sur ce, je vous souhaite un très beau Noël et pour la nouvelle année, de la santé à vous et aux vôtres.

Et attachez vos ceintures à triple tour pour 2012! Ça va faire mal…