Wilde : Les maux pour le dire
Cinéma

Wilde : Les maux pour le dire

«Dans ce monde, il n’y a que deux tragédies. L’une est de ne pas obtenir ce qu’on veut, et l’autre est de l’obtenir.» C’est ainsi que s’achève Wilde, l’excellent film que Brian Gilbert (Tom and Viv) a consacré au célèbre écrivain britannique.

Dans les 116 minutes qui précèdent cette déclaration, on découvre un homme plus complexe que l’image qu’il a laissée. Un provocateur assailli par le doute, un gai de la première heure et un défenseur des droits de la personne, un père de famille et un libertin, un esthète et un moraliste, un bon vivant et un angoissé, un diplomate et un idéaliste. Un être humain, quoi.
Le film commence par son mariage avec Constance (Jennifer Ehle), avec qui il aura deux enfants. Oscar Wilde (Stephen Fry) est déjà connu pour Le Portrait de Dorian Gray, mais c’est avec la création de De l’importance d’être constant qu’il devient une célébrité londonienne. En parallèle, ses liaisons homosexuelles font la joie des potineurs. Jusque-là, tout va bien: Oscar est marié, riche, célèbre et discret, et l’Angleterre de la fin du XIXe siècle vénère les apparences et l’étiquette (ou l’hypocrisie, c’est selon). Mais lorsqu’il rencontre Bosie (Jude Law), jeune beauté aristocrate, il en tombe éperdument amoureux. Révolté, le jeune homme provoque sa famille et la société en s’affichant avec l’homme de lettres, à une époque où l’homosexualité était illégale. Accusé par le père du jeune homme (Tom Wilkinson), Oscar Wilde passera deux ans en prison, y perdra sa santé, ses amis, sa famille, et ce qu’il lui restait de réputation; avant de se retirer en France, de mourir à Paris en 1900, et d’entrer dans la légende.

Wilde avait tout pour être un autre «film britannique en costumes» sur la lutte entre l’individu et le social – Merchant et Ivory sont déjà passés par là plus d’une fois. Mais Brian Gilbert mène les choses rondement, faisant preuve d’un talent certain auquel manque l’originalité qui aurait fait de Wilde quelque chose de plus qu’un film «bien fait».
«Born to be Wilde», titrait le New York Times Magazine pour un portrait de Stephen Fry. On ne saurait mieux dire. Avec ses six pieds quatre, ses paupières tombantes, son élégance empreinte de gaucherie, et sa voix grave faite pour dire des aphorismes brillants et incisifs, Fry était effectivement né pour incarner l’écrivain. Entouré d’excellents comédiens (dont Vanessa Redgrave dans le rôle, très bref, de la mère de Wilde), il domine le film de sa force tranquille. Ne serait-ce que pour lui, Wilde mérite le détour.

Dès le 5 juin
Voir calendrier
Cinéma exclusivités