Cinéma

The Acid House : Bad trip

Tout n’est pas mauvais dans The Acid House, de Paul McGuigan, mais la mise en images de trois nouvelles d’Irvine Welsh, l’écrivain branché de l’heure, auteur de Trainspotting, laisse de marbre. Plutôt décevant, vu la richesse de la matière première. Malgré le succès, Welsh a encore un ton, une hargne, une rudesse décapante pour peindre les pires déglingués des tristes quartiers d’Edimbourg, en Écosse. Sans se soucier des regroupements sociaux de type punk ou grunge, Welsh fait grouiller la misère crue. Avec lucidité, humour et absurde, il tire sur tout ce qui bouge, et décrit un monde qui a basculé dans l’oubli, dans le côté noir de l’humanité.

Ainsi, le film propose trois récits mêlant la drôlerie et le sordide à haute dose. Seul un Dieu saoulard, fêtard et dealer fait le lien entre ces trois histoires très différentes. L’épisode le plus réussi, The Granton Star Cause, raconte la vie de Boab (Stephen Mc Cole) qui, en quelques heures, perd sa place de joueur de foot, se fait virer de chez ses parents, perd sa blonde, son boulot et se fait tabasser par la police. Devant une bière brune, un Dieu de fond de poubelle (Maurice Roëves – Sean Connery aurait, paraît-il, refusé le rôle) le transforme en mouche. Dire qu’il sèmera la merde n’est pas une figure de style… Moins fou que Kafka, plus modeste que Cronenberg, Mc Guigan tire tout le jus de cette histoire, avec simplicité et débrouillardise.

A Soft Touch, le second récit, laisse tomber l’humour vitriolique pour étaler la tristesse crasse. Le brave Johnny (Kevin Mc Kidd) n’aurait pas dû épouser Catriona (Michelle Gomez), paumée et enceinte. Malgré l’arrivée du bébé, les passes, la drogue, l’alcool et les parties de jambes en l’air avec le fou dangereux d’à côté (Gary Mc Cormack) reprennent de plus belle; et Johnny s’accroche à son sort sans rien dire. Tranche de vie sans début et sans fin, A Soft Touch est inégal, dans le jeu comme dans la mise en scène. Enfin, le plus dingue, et de loin le moins réussi, The Acid House, raconte le transfert de personnalité entre Coco (Ewen Bremner) et un bébé. Après ingurgitation de LSD, un apprenti hooligan devient légume, et le nouveau-né de Jemma Redgrave lui emprunte les jurons et l’incompréhensible accent scottish. Éclairs façon Frankenstein, marionnette hideuse de type Chunky, musique brise-tympans et montage poussif: le délire est plus que bancal, et termine mal cette trilogie déjantée. Avis aux linguistes: l’écossais de la rue est à son meilleur, et les sous-titres anglais sont les bienvenus.

Au Cinéma du Parc
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