Cinéma

Music of the Heart : Un air connu

Qu’a-t-il pu se passer dans la tête de Wes Craven, le maître des franchises Scream et Nightmare on Elm Street, pour décider de s’embarquer dans la réalisation de Music of the Heart? Le vétéran de l’horreur depuis trente ans a dû être ému. Malheureusement, s’il est bon d’être souvent ému, il n’est pas toujours nécessaire d’y donner suite…

Music of the Heart relate l’histoire de Roberta Guaspari (Meryl Streep), une musicienne pédagogue qui vient d’être larguée par son militaire de mari.

Avec ses deux fils et le soutien d’un soupirant (Aidan Quinn), Roberta quitte sa banlieue pour enseigner le violon dans une école d’East Harlem, à New York. En dix ans, Roberta devient une prof admirée, par les élèves comme par la directrice de l’école (Angela Bassett). Le jour où la haute direction refuse de continuer à soutenir cette initiative musicale, parents, élèves et professeurs se révoltent et cherchent un moyen d’amasser des fonds pour maintenir le cours de Roberta. On organise donc un concert-bénéfice à Carnegie Hall et, devinez quoi? le cours est sauvé…

Dans la série «films inspirés de faits divers», on ne pouvait pas imaginer plus banal. À la limite, c’est le genre d’histoire qu’on avale dans le Vanity Fair. Mais dans le cas présent, cela donne un film mélo, où la boule dans la gorge est programmée tous les quarts d’heure. Si le spectateur moyen entre dans la catégorie public captif, il doit même verser une larme au moment du concert final, probablement parce que l’histoire est vraie, et parce qu’elle parle du courage des petits face à l’adversité, de l’effort des plus humbles et de la puissance de la volonté. Mais pourquoi en avoir fait un film? Il existait déjà un documentaire au sujet de Roberta et de ses cinquante violons; il n’était donc pas nécessaire de déranger Meryl Streep pour une autre fiction à l’eau de rose. Exceptionnelle actrice qui se donne avec générosité, même quand cela n’en vaut pas la peine, elle n’offre toutefois pas une grande performance dans Music of the Heart. Cette fois-ci, elle a décidé de jouer sur les larmes: elle a les yeux humides dans presque toutes les scènes. Visiblement, elle ne peut faire autrement, Craven ayant décidé de simplifier les caractères, les idées et les situations. C’est clair, le réalisateur ne démontre ici ni imagination ni vision.

Au pire, Music of the Heart fait téléfilm; au mieux, il a des airs de Mr. Holland’s Opus. La marge de manœuvre est mince… Parfois, on imagine que cette professeure de musique puisse avoir un sale caractère, mais c’est vite enseveli sous la guimauve. Il y a la maman noire qui ne veut pas que son fils apprenne la musique d’un «sale Blanc mort», le petit Latino macho, l’handicapée, le grand bum sympa, la petite dont les parents divorcent, le prof jaloux, le chum qui ne veut pas se commettre dans la relation. On a même droit à un contre-champ du chien qui penche la tête. Pour une histoire vraie, quelle impensable succession de clichés et d’invraisemblances! Bref, tout ceci est donc terriblement humain, incroyablement émouvant et d’une platitude sans nom. Meryl Streep aurait repris le rôle après que Madonna l’eut refusé. Aidan Quinn a toujours les yeux bleus, Angela Bassett ne donne pas un quart de son talent et Gloria Estefan joue un premier rôle non convaincant. Il reste les petites têtes qui dodelinent au-dessus des archets, et les envolées joyeuses du concerto de Bach interprétées sur la scène du Carnegie Hall par, entre autres, Isaac Stern et Itzhak Perlman. La musique, c’est tout de même quelque chose…

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