La Bûche : Slave plus blanc
Cinéma

La Bûche : Slave plus blanc

La Bûche est le premier long métrage de Danièle Thompson, coscénariste des Marmottes, de La Crise et de Ceux qui m’aiment prendront le train.

Dans plusieurs années, on dira peut-être que La Bûche, Les Marmottes, La Crise ou Ceux qui m’aiment prendront le train avaient saisi le ton de la France des années 90… Cela sera à moitié vrai. Ces films sont surtout sortis du même moule, celui de Danièle Thompson, coscénariste de chacun d’entre eux. Aujourd’hui, avec La Bûche, elle est seule aux commandes et réalise son premier long métrage.

On ne change pas de recette quand elle fonctionne. Tant qu’on l’aime, pourquoi se priver? De plus, dans le cas de Thompson, la recette a des bases solides, et elle peut se décliner en d’infinies variantes: on prend une famille, on lui extorque quelques secrets, on fait pleurer et rire chaque membre de cette famille, on manigance des chassés-croisés amoureux et tout se termine sur une porte ouverte, dans un tourbillon d’amour et de pensée magique. Tout va forcément s’arranger… Et ça peut marcher, parce qu’on ne peut s’empêcher de croire que le quotidien doit ressembler à ce bazar coloré plutôt qu’à la grisaille, à cette foire d’empoigne qu’est le cocon familial. Bref, on fait dans la tranche de vie.

À l’approche des Fêtes, le père Noël est un peu une ordure pour trois sœurs qui se débattent entre un père loufoque, violoniste tzigane à la retraite (Claude Rich), et une mère en deuil (Françoise Fabian), qui pleure son second mari. Sonia, la bourgeoise (Emmanuelle Béart), s’accroche à sa bûche et à son mari; Louba, la chanteuse russe (Sabine Azéma), aimerait avoir plus de stabilité avec son amant (Jean-Pierre Daroussin), très marié et très père; et Milla, la surdouée angoissée (Charlotte Gainsbourg), a des vues sur Joseph (Christopher Thompson, fils de), un jeune voisin bien mystérieux. Bref, origines russes, père coureur de jupons, divorces et adultères en ribambelle, cachotteries, culture musicale et pleurs dans la cuisine; le tout arrosé de vodka et de violons tziganes qui miaulent… On trace à gros traits la caricature de la troisième génération de Russes parisiens!

Depuis La Grande Vadrouille, et dans tous les autres films dont Danièle Thompsona été la coscénariste, on sent une envie de coller au présent, de donner des mots vrais et des situations véridiques. Le ton est souvent juste, c’est vrai; mais il y a des tics, comme cette manie de toujours chercher la formule, la phrase marrante. Inévitablement, on trouve ici quelques bons mots. Trop de bons mots pour une seule famille! Ceux de Claude Rich sont réussis. Années de travail et talents naturels, Fabian et Rich sont les plus vrais, les plus vifs, les plus charmants. Très convaincants entre le rire et l’amertume. Difficile par contre de croire que les trois grâces soient sœurettes. Tour à tour, ces dames réussissent à taper sur les nerfs. Surtout quand Azéma entame sa troisième ballade en russe, habillée en moujik ou en bohémienne…

Bref, cette réalité parisienne fait dans le classique et dans le mou. C’est bien vu, mais ça traîne, ça s’attarde pour rien, sans originalité ni surprises. Oh! Les sœurs ne sont pas celles que nous croyions! Fichtre. Elles avaient des carapaces. On s’enlise plus que de coutume dans le sentimentalisme cousu de fil blanc. D’où le constat suivant: il est plus exigeant d’être auteur que coauteur.

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