The Talented Mr. Ripley : Soleil noir
Cinéma

The Talented Mr. Ripley : Soleil noir

Inspiré du célèbre roman de Patricia Highsmith, The Talented Mr. Ripley n’est pas dépourvu de qualités, mais vous y trouverez autant de romantisme et de dolce vita que dans Le Silence des agneaux.

Si vous allez voir The Talented Mr. Ripley pensant qu’il s’agit d’un grand film romantique dans la veine du Patient anglais, qui a propulsé Anthony Minghella au rang des «cinéastes rentables», retournez voir The English Patient. Si la lumière mordorée de l’Italie baignant les affiches vous attire, louez donc Room with a View. Si les jolis minois de Matt Damon, de Jude Law et de Gwyneth Paltrow vous séduisent, allez voir Good Will Hunting ou Shakespeare in Love. Inspiré du célèbre roman de Patricia Highsmith, The Talented Mr. Ripley n’est pas dépourvu de qualités, mais vous y trouverez autant de romantisme et de dolce vita que dans Le Silence des agneaux.

Dans les années 50, Tom Ripley (Damon) est envoyé en Italie par un richissime New-Yorkais afin de ramener aux États-Unis et dans le droit chemin un fils prodigue (Law) qui se la coule douce avec la jolie Marge (Paltrow). Garçon modeste et solitaire, Ripley se lie aux deux tourtereaux, et devient fasciné par cette jeunesse dorée, au point de tomber amoureux fou du play-boy. Encore plus fou qu’amoureux, il ira jusqu’à tuer l’objet de son désir, et s’enfoncera dans une démence meurtrière d’autant plus profonde qu’il la cache parfaitement.

«Each man kills the things he loves», chantait Jeanne Moreau dans Querelle. Cette phrase d’Oscar Wilde pourrait bien être le surtitre de ce film dont la brillance apparente dissimule une tristesse une douleur et un malaise bien plus grands. Présent dans chaque scène, Ripley imprime au film cette honte de lui-même qui le définit – «it’s better to be a fake somebody than a real nobody», dit-il. Les images sont dorées à point; les palais vénitiens, les fontaines romaines, les criques méditerranéennes sont un régal pour l’oeil; la musique de Gabriel Yared souligne sans noyer; et les comédiens sont tous jeunes et beaux: l’emballage est somptueux, mais il cache un cadeau empoisonné, un film sur un personnage prisonnier de lui-même.

Utilisant à contre-emploi son physique d’all american boy, Matt Damon porte le film sur ses épaules. Il joue très bien la carte du nerd tiraillé entre deux complexes, celui de supériorité et celui d’infériorité; il nuance bien les multiples étapes de Ripley, mais le golden boy manque de mystère dans la seconde partie, alors qu’il sombre dans la folie.

Film noir déguisé en drame romantique, The Talented Mr. Ripley souffre du même mal que son personnage principal: assumer qui il est, et la hantise de ne pas plaire.

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