Boiler Room : Le lac aux requins
Cinéma

Boiler Room : Le lac aux requins

La première moitié de Boiler Room, le film qui marque les débuts du jeune Ben Younger, impressionne par l’énergie, la précision et le mordant avec lesquels est illustrée l’ascension de Seth Davis, un décrocheur qui tente de regagner l’estime de son père en entrant dans une firme de courtage prospère mais louche.

La première moitié de Boiler Room, le film qui marque les débuts du jeune Ben Younger (27 ans), impressionne par l’énergie, la précision et le mordant avec lesquels est illustrée l’ascension de Seth Davis (Giovanni Ribisi), un décrocheur qui tente de regagner l’estime de son père (un juge inflexible, joué par Ron Rifkin) en entrant dans une firme de courtage prospère mais louche, peuplée de jeunes rapaces aux méthodes douteuses.
On est séduit d’emblée par la manière dont Younger capte l’atmosphère frénétique de cette firme qui ressemble à un aquarium pour requins (tout en surfaces lisses et en tons de bleus); par l’humour avec lequel il montre ces jeunes courtiers qui relaxent en visionnant Wall Street ou en récitant des extraits de Glengarry Glen Ross; ou encore par la justesse avec laquelle il brosse tous ses personnages (dont un gourou motivateur impitoyable, brièvement incarné par un Ben Affleck étonnant).
On a même parfois l’impression de voir une sorte de GoodFellas boursier en suivant ce narrateur survolté qui nous entraîne dans un univers méconnu, en voyant cette caméra nerveuse qui traverse l’espace comme une toupie, et en savourant ces observations quasi anthropologiques sur ce monde aux codes si particuliers; un monde que Younger connaît pour avoir travaillé pendant près d’un an dans une firme de courtage.
Ces qualités importantes – et assez rares dans une première oeuvre – ne suffisent toutefois pas à compenser les faiblesses du scénario, surtout lorsque Younger finit par lier le drame qui oppose le héros et son père à une sombre mais banale histoire de trafic boursier. Ce qui s’annonçait comme un portrait dynamique et mordant des fantassins du capitalisme sauvage se transforme alors en un banal psychodrame père-fils sur fond de manipulations boursières prévisibles.
Avec le résultat que Boiler Room se révèle finalement une oeuvre étrangement décevante: un pamphlet vitriolé qui se mue en un mélo larmoyant; et un film parfois très prometteur, qui ne aut toutefois jamais la somme de ses parties. Bref, une oeuvre qui – à l’instar des titres boursiers qui s’y échangent – démarre en flèche mais finit par s’écraser lamentablement.

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