Bedazzled : La beauté du diable
Cinéma

Bedazzled : La beauté du diable

Goethe doit se retourner furieusement dans sa tombe. "Le patrimoine littéraire est tombé bas, bien bas", se répète-t-il sûrement avec effroi.

Goethe doit se retourner furieusement dans sa tombe. "Le patrimoine littéraire est tombé bas, bien bas", se répète-t-il sûrement avec effroi. Son Mythe de Faust en a inspiré plus d’un au cinéma; mais de là à transformer Faust en débile léger, il y a un pas qu’il ne nous pensait sans doute pas capables de franchir. Voilà, c’est fait. Harold Ramis (Analyse This) a osé le massacre. Et puis, ce n’est même pas son idée…

Le premier à avoir tenté l’adaptation singulière fut Stanley Donen, qui réalisa la première version de Bedazzled en 1967. L’intrigue restait fidèle aux écrits: Faust vend son âme au diable qui, reconnaissant, matérialise ses rêves les plus impossibles. L’objectif, déjà établi à l’époque, était de faire coïncider les voeux de Faust avec les fantasmes de l’Américain moyen. Or, les temps changent et les rêves s’embourgeoisent. Un constat sociologique qui a, paraît-il, préoccupé le réalisateur de la présente version. L’American dream avait besoin d’un lifting.

Toujours est-il que ce Faust, rebaptisé pour l’occasion Elliot (Brendan Fraser, l’homme à tout faire de Gods and Monsters, mais aussi le Tarzan de George of the Jungle), ne transpire pas l’intelligence. Et le jeu de l’acteur n’a rien de fulgurant. Modernité oblige, il travaille dans un centre d’appel où son allure coincée lui attire le mépris de ses pairs. Et, devinez quoi, il en pince pour une collègue de bureau (Frances O’Connor) qui ne se doute même pas de son existence. C’est mignon tout ça, mais il fallait un petit élément perturbateur. C’est là qu’intervient Méphistophélès en la personne d’Elizabeth Hurley, alias The Devil en talons aiguilles.

Hurley est connue pour sa carrière de mannequin et ses rôles aguichants dans Austin Powers. Il faut être réaliste, on n’allait tout de même pas nous servir un boudin pour ce rôle-là. Voilà donc un diable taillé au couteau qui ne rate aucune occasion de mouler ses seins. Elle alterne costumes (signés Versace) et maquillages selon l’humeur, et montre une propension aiguë pour le rouge, comme dans "flammes de l’enfer". Elle réalisera les rêves les plus clichés d’Elliot. Pour plaire à sa dulcinée, celui-ci deviendra riche et puissant, président des États-Unis, joueur de basket-ball, homme sensible et bourgeois cultivé. Bref, recette hollywoodienne plutôt décevante. Mais le diable en femme, avouons que c’est plus vendeur qu’un petit bonhomme trapu et cornu.

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