Cast Away : Une place au soleil
Cinéma

Cast Away : Une place au soleil

Avec la ville de Memphis et une blonde compréhensive (Helen Hunt) pour bases géographique et affective, un employé de FedEx (Tom Hanks) saute d’un avion à l’autre, courant tel le lapin toujours en retard d’Alice au pays des merveilles.

Avec la ville de Memphis et une blonde compréhensive (Helen Hunt) pour bases géographique et affective, un employé de FedEx (Tom Hanks) saute d’un avion à l’autre, courant tel le lapin toujours en retard d’Alice au pays des merveilles. Un crash d’avion plus tard, il se retrouve sur une petite île du Pacifique, totalement déserte, sur laquelle il passe quatre ans. Le temps disparaît (ou plutôt, il ne reste plus que ça); et notre Robinson de l’an 2000 devra faire ses classes de Cromagnon 101: la faim, la soif, le feu, la solitude. Arriveront plus tard les outils (facilités par le contenu de paquets FedEx rejetés par la mer); ainsi que l’Autre, qui prendra la forme d’un ballon de volley-ball surnommé Wilson – également le nom de famille de la femme de Tom Hanks! La bande-annonce révélant déjà la fin du film, on ne vend pas la mèche en disant que ce nouveau Survivor rentrera chez lui, et reverra sa blonde. Comment se passeront ces difficiles retrouvailles? On vous le laisse découvrir…

En 1960, Alfred Hitchcock tenta le pari de filmer une trentaine de minutes sans aucun dialogue, ou presque. Cela donna Psycho: un voyeur dans un motel, un meurtre sous une douche, un assassin qui fait le ménage, et une voiture qui prend du temps à s’enfoncer dans un marais – une demi-heure restée dans les annales du cinéma. Quarante ans plus tard, Robert Zemeckis a le culot, selon les standards hollywoodiens, de faire du cinéma muet, ou presque, pendant plus d’une heure, dans un "film de Noël", avec Tom Hanks, Monsieur Oscar lui-même. Après Forrest Gump et Philadelphia, vérifions si l’adage "Jamais deux sans trois" tient la route…

Une introduction hâtive, un écrasement d’avion stupéfiant, un séjour insulaire culotté, et une conclusion bâclée: Cast Away est divisé en quatre parties de durée et de qualité très inégales. De Moscou à Memphis, et d’un repas de Noël écourté à un ciel d’orage du Pacifique: les quinze premières minutes sont aussi pressées que notre héros. Soyons charitables: il faut installer les personnages, et Zemeckis n’a jamais été un maître de l’ellipse bien sentie. S’ensuit le crash de l’avion, montré en temps réel: une séquence d’une redoutable efficacité, d’un réalisme qui terrorisera ceux et celles qui craignent les voyages aériens. On arrive enfin sur l’île déserte, et là, Cast Away surprend. Aucun flash-back, pas de scènes "pendant ce temps-là à Memphis"; pas de rêves ou d’hallucinations: pendant plus d’une heure, on reste rivé au sort du naufragé, le film basculant dans une étude minutieuse de la survie de l’ "homo americanus" en terrain hostile. Excellent dans les rôles de "Monsieur Tout-le-monde confronté à un destin hors norme" (voir Forrest Gump, Philadelphia ou Saving Private Ryan), Tom Hanks est tout à fait convaincant en Gilligan bien en chair et speedé, comme en brahmane décharné et serein.

C’est au retour que ça se gâte, alors que Zemeckis tente de régler en quatrième vitesse la destinée de ses personnages. Chassez le naturel… Au moins, la finale reste-t-elle ouverte, presque ambiguë: une autre surprise de ce film surprenant.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités