L'Extra Terrestre : Ici, la terre…
Cinéma

L’Extra Terrestre : Ici, la terre…

Parmi les institutions indéracinables, la comédie franchouillarde pourrait remporter un prix. Quelles que soient les époques et les modes, le rire pur beurre est indestructible. À preuve, le premier long métrage solo de Didier Bourdon, L’Extra Terrestre.

Parmi les institutions indéracinables, la comédie franchouillarde pourrait remporter un prix. Quelles que soient les époques et les modes, le rire pur beurre est indestructible. À preuve, le premier long métrage solo de Didier Bourdon, L’Extra Terrestre. Coréalisateur du film Les Trois Frères avec ces compères comiques du trio Les Inconnus (Bernard Campan et Pascal Légitimus), Bourdon a connu un mégasuccès. Il a un peu moins rigolé à la sortie de son second film, Le Pari. Et la dégringolade continue avec L’Extra Terrestre. Pas que ce soit singulièrement mauvais, ni audacieusement nul: c’est juste plat, identique à tout ce qui a été fait. Mêmes dialogues, mêmes caractères aux humeurs caricaturales, mêmes lieux communs et clichés; on navigue à vue entre Le Gendarme et les Extraterrestres et La Soupe aux choux, le talent de Louis de Funès en moins. On peut aussi trouver quelques films des Charlots en influence… C’est sympa, on a l’impression de se retrouver dans la France des années 70.

Bien sûr, Bourdon a actualisé les données de base: on parle maintenant de chômage, de sans-abri bosniaque, d’adoption, de crise de couple, de femme seule. Mais dans le fond, c’est toujours la vieille recette narrative des contraires qui s’attirent. Agathe (Pascale Arbillot) fuit Paris et les hommes pour aller retrouver sa maman (Danièle Lebrun) en Auvergne. Sur la route, elle tombe sur Zerph (Didier Bourdon), originaire de Cryptalon. Cet alien en déroute est poursuivi par deux androïdes aux circuits sensibles (Bernard Campan et Olivier Rabourdin). L’extraterrestre vient bien sûr d’une race supérieure; mais l’art de vivre auvergnat va finir par le troubler. Et, quelle chance! Agathe est blonde et jolie.

Alors qu’il est pourtant capable de tailler des flèches acérées, les dialogues mous de Bourdon tombent à plat derrière sa bouille triste. Il faut se replier sur l’alignement habituel des situations cocasses. Mais elles sont si exagérées et si prévisibles qu’on pourrait, avec un esprit très tordu, y voir une sorte d’hommage au genre: les militaires américains sont des boeufs pragmatiques et mal polis; les flics français restent demeurés; la mère est foldingue (comme Claude Gensac, L’ "Edmée-ma-biche" de de Funès); le député du village sort d’un conte de Daudet; et il y a même un pignouf qui conduit une caravane, un garde-pêche goguenard, une marquise Castafiore et une poupée gonflable russe. Bref, de la BD indolore…

Voir calendrier
Cinéma exclusivité