FIFEM – Festival international du film pour enfants de Montréal : Retour en enfance
Cinéma

FIFEM – Festival international du film pour enfants de Montréal : Retour en enfance

Entre le charme des films animés et l’émotion décapante des oeuvres scandinaves, la quatrième édition du FIFEM a de quoi plaire aux grands et aux petits. Histoire de se refaire une cinéphilie…

Que se passe-t-il quand les films fast-food pour enfants se mettent un peu à l’écart des projecteurs? On retrouve une cinématographie aussi brillante que drôle, aussi séduisante que merveilleuse. À force de Disney agressifs, de discours bébêtes et de produits dérivés, on a tendance à regarder nos enfants comme des oies à gaver. Rappelons donc, avec un porte-voix, que des réalisateurs et un jeune public peuvent partager autre chose que du commerce: soit un lien solide et direct, tissé de compréhension, d’intuition, de connivence, du plaisir de la subversion, bref, d’art et d’intelligence. Chaque année, par le biais du FIFEM (Festival international du film pour enfants de Montréal), on redécouvre les premiers plaisirs cinématographiques. Et, cette année encore, on peut faire de drôles de découvertes.

Pour la semaine de relâche scolaire, la quatrième édition de ce Festival propose d’en mettre plein la vue avec 25 films provenant de 13 pays; et comme par le passé, la programmation se découpe en trois sections (Compétition officielle, Hors-concours et Rétrospective).

C’est donc main dans la main que petits et grands vont se presser à l’Impérial pour une semaine de ciné. Outre Princes et Princesses, les merveilleux contes mis en images par Michel Ocelot (Kirikou et la Sorcière), que l’on peut apprécier maintenant en salle, les plus petits vont encore une fois craquer pour les aventures simples mais pas simplistes de l’ours Ludovic. Dans Ludovic, des vacances chez grand-papa, en musique et sans grands dialogues, Co Hoedeman aborde la mort avec délicatesse et légèreté, et le deuil s’apprivoise sur un pas de danse. Mignon.

Sans paroles cette fois, les petits risquent de partager avec plaisir les aventures rocambolesques de La Taupe, de Zdenek Miller, un classique de l’animation tchèque sous forme de courts métrages. On retrouve aussi la patte "slave" dans un autre classique des studios d’animation d’Europe de l’Est, avec la légende de Mathieu l’astucieux, un film de 1975 signé Attila Dargay, où un jeune garçon, accompagné de son oie, défie la bastonnade et un méchant seigneur.

On ne sait pas très bien ce qui se passe en Scandinavie, mais une chose est certaine: les réalisateurs de ces pays nordiques ont un don pour les films qui touchent à l’enfance. Soulevant des sujets souvent pesants, entre les peurs de l’abandon, la solitude, et les cauchemars, ils offrent des oeuvres surprenantes. Coup de coeur, autant pour la forme que pour le fond: Miracle, premier long métrage danois de Natasha Arthy, une coproduction Zentropa, la boîte de Lars Von Trier. Et Miracle pourrait être un mélange de Dancer in the Dark et de Strictly Ballroom, une comédie musicale moderne tournant autour d’un garçon de 12 ans qui attend sa puberté, déteste son prof, se languit pour Karen Élise et fait du rock avec un ange… De l’anti-politically correct déroutant et accrocheur pour un public entre 8 et 12 ans.

Dans la section peurs enfantines non réglées, on peut se faire une petite frousse avec Une sorcière dans la famille, de Harald Hammrel, une première nord-américaine qui vient de Suède. Une nouvelle gardienne arrive dans la famille de Maria, et cette dernière, qui aimerait bien se débarrasser de son petit frère, est convaincue que Greta est une vraie sorcière. Et l’on passe tout le film à se demander si elle n’a pas raison; les agissements de cette vieille originale ont de quoi surprendre… Très forts dans la narration, les Scandinaves ont aussi le don de mettre en poésie les grands thèmes universels: à voir, Mariken, des Pays-Bas, un film d’André Van Duren, qui raconte l’apprentissage d’une fillette des bois, fine mais naïve qui regarde l’humanité comme une farce. Le film est inégal, mais certains propos subversifs (notamment face à la religion) sont tout à fait réjouissants. Notons également la tendresse et l’humour d’Une histoire d’été, du Suédois Ulf Malmros, où deux orphelins se retrouvent dans une famille d’accueil composée…. d’un croque-mort! Enfin, déjà vu au FFM, Mon petit diable, de Gopi Desai, une coproduction Canada-Inde avec le grand acteur Om Puri, qui relate les aventures d’un garçon de 10 ans dans un pensionnat.

Tous les films sont présentés en français ou avec narration française.

FIFEM
Billetterie: (514) 848-0300
Du 3 au 11 mars
Cinéma Impérial