Meilleur Espoir féminin – Gérard Jugnot : Garçon coiffeur
Cinéma

Meilleur Espoir féminin – Gérard Jugnot : Garçon coiffeur

Gérard Jugnot fait dans la comédie française depuis déjà 25 ans. Acteur-culte pour films-cultes, il a fait sa marque dans Les Bronzés de Leconte mais, surtout, dans Le père Noël est une ordure, de Poiré. Du jeu à la mise en scène, il y a une marge que Jugnot a traversée candidement, pour se rendre compte qu’on s’amusait davantage de l’autre côté

Gérard Jugnot fait dans la comédie française depuis déjà 25 ans. Acteur-culte pour films-cultes, il a fait sa marque dans Les Bronzés de Leconte mais, surtout, dans Le père Noël est une ordure, de Poiré. Du jeu à la mise en scène, il y a une marge que Jugnot a traversée candidement, pour se rendre compte qu’on s’amusait davantage de l’autre côté: "Le métier d’acteur est un métier très féminin, dit-il en riant. On se maquille et on attend le client. Être acteur, c’est faire le tapin, on est proche de faire le trottoir. On vous appelle, vous êtes choisi, vous pouvez faire des clins d’oeil. Alors que le metteur en scène, c’est le maquereau, c’est lui qui va chercher les minettes…"

En 1984, Jugnot signait son premier film, Pinot simple flic. Et puis, mine de rien, il en est aujourd’hui à son septième: "Je me considère comme un viticulteur, je fais des petites bouteilles. J’essaie de faire le meilleur vin possible avec mes terroirs, mes cépages et mon savoir-faire. Là j’en suis à sept films, je vais essayer de faire une caisse de douze…" La modestie de Jugnot est une qualité salutaire dans son cas car, depuis qu’il s’est mis en tête de passer derrière la caméra, la presse française n’a pas été tendre avec lui. Pour être honnête, on peut comprendre pourquoi.

Sans être insupportables, ses comédies sont souvent bonasses, un brin paresseuses, rarement incisives par le propos, et encore moins par la facture. Jugnot semble y suivre "Le Petit Guide du metteur en scène" qu’il doit feuilleter parallèlement au "Manuel du gag réussi". Résultat: on rit paresseusement, parfois tendrement, mais on ne se roule jamais par terre. Meilleur Espoir féminin ne révolutionne pas la lignée. "Un mélange de rire et d’un petit peu d’émotion", c’est la recette maison. Mais, chemin faisant, on se laisse toucher par le tableau, car la mélancolie n’est jamais bien loin. "Je trouve que le rire allège le drame et que le drame donne du poids au rire. Vous savez, le rire et les larmes, ce sont les mêmes muscles", se plaît à préciser le réalisateur.

Et puis, on ne peut pas reprocher à Jugnot de s’égarer dans l’abstrait. Dans cette dernière tentative, il explore les rapports douloureux qu’entretient Yvon Rance (Gérard Jugnot, fidèle à lui-même), modeste coiffeur de province, avec Lætitia (Bérénice Bejo, délicieuse et prometteuse), sa fille de plus en plus femme. Papa poule, Yvon se fait un sang d’encre pour celle qui s’est mise à écouter le chant des sirènes venant de Paris. Dans son petit bled de Bretagne, Yvon (surnommé "le Schtroumpf", car il rate toutes ses teintures, ses mains accouchant invariablement de mémés aux cheveux bleus) avait tracé une vocation de coiffeuse à sa petite.

Mais, n’en déplaise au paternel, sa fille rêve de cinéma. Débute alors une ascension à la Stardom, où luxe et paillettes s’acharnent à enjoliver un monde désolant de vacuité. L’argument comique de l’aventure, c’est le père qui s’incruste sur les plateaux de tournage pour s’assurer qu’on n’effeuille pas sa petite. En repensant à son personnage, Jugnot avoue: "Il est un peu con, limité, insupportable; il fait honte, il ne comprend rien à rien, mais je crois qu’il comprend ce que c’est que l’amour." Il est vrai qu’elles sont touchantes, ces scènes où Yvon est rejeté, son verre de lait chaud à la main, comme un être indésirable.

Conscient de son registre, Jugnot explique: "Il y a des films intelligents qui nous éclairent, et puis il y a des films chaleureux qui, comme dans les hammams, nous enlèvent la mauvaise peau et la crasse… Des films de tendresse, de chaleur et de rire qui nous rendent un peu meilleurs." C’est ce qu’on appelle une comédie inoffensive.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités