The Dish : La coupe est pleine
Cinéma

The Dish : La coupe est pleine

Certains événements sont si marquants qu’on aime les distiller à l’infini, juste pour en respirer l’arôme encore une fois. Parce qu’il y a toujours une petite histoire à côté de la grande et parce qu’on meurt d’envie de la raconter. Par exemple, où étiez-vous le 21 juillet 1969?

Certains événements sont si marquants qu’on aime les distiller à l’infini, juste pour en respirer l’arôme encore une fois. Parce qu’il y a toujours une petite histoire à côté de la grande et parce qu’on meurt d’envie de la raconter. Par exemple, où étiez-vous le 21 juillet 1969? Neil Armstrong dansait sur la Lune et 600 millions de téléspectateurs pleuraient d’émotion. Le XXe siècle entrait dans le futur, et ce fut un jour de gloire pour la NASA et les États-Unis. Mais si l’on change le point de vue d’un quart de poil, le tableau n’est plus le même. Depuis un champ de moutons australien, les perspectives sont forcément différentes. Et cela donne The Dish, une petite comédie gentillette, qui a beaucoup plu à Sundance.

The Dish est une parabole immense et immaculée, plantée au milieu de la campagne, près de la bourgade de Parkes, en Australie. Ce mammouth de métal était le télescope le plus puissant de l’hémisphère sud et devait servir de relais à la NASA pour la retransmission depuis la Lune, au cas où la soucoupe de Goldstone, en Californie, serait défectueuse. Ce qui fut le cas: la soucoupe australienne permit de voir les premiers pas lunaires. En réponse à ses loyaux services, la parabole est toujours en place, entourée de moutons, et les hautes instances ont distribué plaques et félicitations.

Mais avant que Parkes n’entre dans la légende, il y a eu des petites frayeurs. Assez pour en faire un film. Attention, on ne parle pas de coups de grisou à la Apollo 13; mais des pépins de dernière minute qui auraient pu nous empêcher de voir la silhouette fantomatique d’Armstrong et d’entendre sa célèbre phrase. Et le film respecte cette différence d’échelle. Le réalisateur Rob Sitch (succès maison avec The Castle) ne se prend pas pour Ron Howard et a fait de cette production une mini-épopée à hauteur de pâturages, sans grande originalité, mais sans aucune prétention. Et avec la pointe d’humour colonial de rigueur.

Au coeur de la soucoupe, travaille l’équipe de scientifiques dirigée par un savant veuf et diplomate, Cliff Buxton (Sam Neill). Sous ses ordres, le sarcastique Ross Mitchell (Kevin Harrington) et le rêveur Glenn Latham (Tom Long) essaient de s’accommoder de la présence de l’émissaire de la NASA, le sérieux mais néanmoins sympathique Al Burnett (Patrick Warburton; Puppie, pour les intimes de Seinfeld). Ils tripatouillent plein de boutons dans leur bunker, se baladent dans la soucoupe – que l’on voit ad nauseam sous tous ses angles, statique ou en rotation, avec et sans Lune en fond de ciel -, et se retrouvent couverts de sueur au moins deux fois: quand une panne d’électricité fait perdre la trajectoire de la fusée et quand un vent fort risque de faire basculer l’engin, au moment précis où Armstrong décide sur descendre de sa petite échelle.

Les habitants de Parkes (avec un maire bedonnant, un ambassadeur jovial, et quelques autres figures échappées d’American Graffiti), font du remplissage humain bien utile entre les plans de soucoupe… Film inoffensif, parfumé de souvenirs glorieux: à quand un film honorant le bras canadien?

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