The Policewoman : Femme d'action
Cinéma

The Policewoman : Femme d’action

Le paysage est tellement gris qu’on a l’impression que le film est en noir et blanc. Quelques éclats de couleur sont vite dilués sous un ciel toujours plombé, dans un environnement d’une tristesse infinie.

Le paysage est tellement gris qu’on a l’impression que le film est en noir et blanc. Quelques éclats de couleur sont vite dilués sous un ciel toujours plombé, dans un environnement d’une tristesse infinie. Dans cet univers glauque débarque Anna, jeune femme de 27 ans, fraîchement sortie de l’académie de police, qui se voit assigner, comme premier poste, un quartier démuni, hérissé de tours dans une cité déprimante de la ville de Rostock, dans l’Est de l’Allemagne. Et Anna est pleine d’espoir, elle aime le contact humain. Tel est le portrait de The Policewoman (Die Polizistin, avec sous-titres anglais), le second long métrage d’une des figures émergentes de la cinématographie allemande, Andreas Dresen. Il avait présenté ce film au dernier FFM, ainsi que son premier long, Rencontres nocturnes.

Anna (Gabriela Maria Schneide) débarque dans un milieu d’hommes elle veut concilier les lois et sa vision humaine du travail. S’attachant à un enfant paumé et mal aimé, à sa mère désabusée, et à son ex-mari voleur, elle essaie de façon instinctive et balourde de recréer une cellule familiale cohérente, de retracer pour eux un chemin qu’elle considère droit et valable. Voulant le bonheur des autres malgré tout, et cherchant aussi le sien dans des relations amoureuses bancales, ses illusions vont voler en éclats, mais n’entacheront pas son optimisme. Et Dresen se sert avec talent de cette ligne narratrice fragile. L’histoire est ce qu’elle doit être: un tremplin pour composer un univers cinématographique intéressant.

Le film débute et se termine par des réflexions d’Anna en voix off; des moments très courts qui ne servent qu’à donner le ton du personnage. Le reste du film développe une analyse psychologique fine et sensible du caractère. En quelques mots, on sent qu’Anna est une femme positive, courageuse, opiniâtre, un rien idéaliste et fleur bleue, et tous ses actes vont le prouver. Il faut dire que l’actrice est particulièrement excellente, prompte à sourire, laissant parler l’instinct dans ses gestes et entre ses répliques, comme cette façon qu’elle a de se regarder dans le miroir, plus pour s’interroger, se redonner du courage, que pour vérifier son accoutrement; comme cette faculté, à la fois candide et urgente, de penser l’amour. Sans dialogues explicatifs superflus, sans vouloir nous éclairer de façon manichéenne sur un mode de vie; le réalisateur trace un portrait réaliste des plus touchants, qui rappelle un peu le talent d’un Ken Loach ou d’un Tavernier, quand ce dernier imagine un instituteur dans Ça commence aujourd’hui. Pas de musique, peu de dialogues, pas de longs panoramiques censés nous donner la couleur du paysage, mais des gestes, des regards, des non-dits: The Policewoman est une tranche de vie coupée dans le réel. En moins de deux heures, on a à la fois un portrait complexe et humain, une vision des flics fonctionnaires, et l’image d’une société qui n’a aucune issue de secours. Tout cela dans un film très cohérent.

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