Between the Moon and Montevideo : Tour de Babel
Cinéma

Between the Moon and Montevideo : Tour de Babel

Après moult péripéties, Between the Moon and Montevideo sort enfin sur les écrans, même s’il a été tourné à La Havane au cours de l’été 1998. On s’attendait au pire, mais Attila Bertalan a réussi un petit exploit: rendre crédible un récit de science-fiction réalisé avec un budget  ridicule.

En 1992, le réalisateur et acteur montréalais Attila Bertalan avait frappé un grand coup avec son premier essai derrière la caméra: Bullet in the Head avait récolté plusieurs prix et des critiques positives. Après moult péripéties, son deuxième film, Between the Moon and Montevideo, sort enfin sur les écrans, même s’il a été tourné à La Havane au cours de l’été 1998. On s’attendait au pire, mais Bertalan a réussi un petit exploit: rendre crédible un récit de science-fiction réalisé avec un budget ridicule. Une espèce de Mad Max, avec le dixième des ressources dont Mel Gibson aurait pu disposer.

Dans une colonie perdue entre la Terre et la Lune, Tobie (Bertalan), un marchand de ferraille, tente par tous les moyens de retourner à Montevideo, son patelin natal. Mais voilà, dans ce monde corrompu et dominé par de méchants Cubains, il faut payer très cher pour remettre les pieds sur Terre. Pour arriver à son but, Tobie manigance une arnaque avec un Chinois champion de cartes (Russel Yuen) afin d’amasser l’énorme somme nécessaire à leur départ. Sauf qu’un imprévu viendra compliquer leur plan: Juta (Pascale Bussières et ses moues habituelles), petite amie d’un mafieux (Gérald Gagnon), veut elle aussi partir. Et elle est prête à fournir l’argent qui manque: que faire?

Si Attila Bertalan espérait créer une impression de dépaysement, il a tenu son pari. Entre les édifices en décrépitude de La Havane et les tas de ferraille, on se sent dans un no man’s land inquiétant. Ce décor glauque contribue beaucoup à alourdir le climat, et apporte un côté suffocant à cette histoire. Une vision d’apocalypse et de fin du monde se dégage continuellement de Between the Moon and Montevideo, et c’est là le grand mérite de ce film. Cependant, cela n’excuse pas les nombreuses carences et invraisemblances du scénario. L’histoire est souvent trop compliquée pour rien (pour ne pas dire bordélique), et certains personnages sont carrément caricaturaux: on a du mal à suivre cette pute au grand coeur qui fera basculer l’histoire (Kena Molina), ces méchants peu convaincants (en particulier Gérald Gagnon, toujours faux) et ce parrain cubain très cliché (Armando Fernandez Soler). De ce chaos assourdissant, on retient surtout la performance incroyable de Bertalan, grand animal au regard perçant, prêt à se battre pour survivre. Malgré les failles, il faut prendre le film d’Attila Bertalan pour ce qu’il est: une histoire modeste qui a fait de grandes choses avec trois fois rien.

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