Magnifico/Together
Cinéma

Magnifico/Together

Événement cinéma qui ouvre la période estivale: Ex-Centris présente Magnifico, le sympatico rendez-vous cinéphilique, qui aura lieu du 13 au 17 juin. Premier aperçu: Together, excellente chronique suédoise.

Pour sa quatrième édition, Magnifico présente 60 films, dont huit primeurs. On fêtera également les 35 ans du Cinéma Parallèle avec six projections gratuites de films indépendants marquants: l’excellent documentaire Life Without Death, du Canadien Frank Cole; le portrait intime et tendre de Jean-Claude Lauzon dans Lauzon, Lauzone, de Louis Bélanger et Isabelle Hébert; la troublante fiction qu’est Léa, d’Ivan Fila; le marquant Kadosh, d’Amos Gitaï; le premier long métrage de Léa Pool, Strass Café, réalisé en 1980; et Breathing Together: Revolution of Electric Family, de Morley Markson, avec quelques grands noms de la contre-culture, dont Allen Ginsberg, John Lennon, et Timothy Leary. Entrée gratuite également pour une rétrospective des oeuvres de KINO. KINO est un regroupement de réalisateurs qui, en 1999, se sont lancé un défi, celui d’organiser des projections gratuites et itinérantes, une fois par mois. Les réalisateurs (une soixantaine) s’imposent des échéanciers qu’ils doivent respecter, sinon gare au blâme! Le 15 juin, Ex-Centris présente une compilation de deux heures, comprenant 28 créations originales, que l’on promet hétéroclite et décapante.

Pièce de résistance: les films en primeur. Magnifico ouvre le bal avec le dernier long métrage de Léa Pool, Lost and Delirious (Rebelles), apprécié au dernier Festival de Sundance: un film sur trois adolescentes pas ordinaires qui, par le réveil de leur sexualité, bouleversent le calme de leur collège privé. Avec Jessica Paré, Misha Barton et Jackie Burroughs. Le film est en avant-première le 13 juin. Avant qu’il ne sorte en salle, on pourra voir La ville est tranquille, de Robert Guédiguian (Marius et Jeannette), sorte d’hymne à la ville, le Fellini Roma d’un Marseillais, réaliste et émouvant, avec la même troupe d’amis-comédiens: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et Gérard Meylan. Dans La Confusion des genres, d’Ilan Duran Cohen (Lola Zipper), Pascal Gregory a le désir qui flotte entre hommes et femmes. Avec Nathalie Richard, Julie Gayet, Alain Bashung et Vincent Martinez. Les fans et les autres devraient ne pas passer à côté de cinq courts métrages inédits du grand Krzyzstof Kieslowski: Du point de vue d’un veilleur de nuit (1977), L’Hôpital (1976), Les Têtes parlantes (1980), Je ne sais pas (1977) et La Gare (1980). On note la présence attendue d’un film qui faillit passer à la télévision: Bad Girl, de Marielle Nitoslawaska, une coproduction France/Québec sur les revendications féminines dans le monde de la porno. D’après une idée originale de deux journalistes de Voir, Pascale Navarro et Nathalie Collard. Le film avait reçu le Grand Prix spécial du jury à Cannes l’année dernière: Songs From a Second Floor, du Suédois Roy Andersson, sera aussi présenté. Tout comme Time and Tide, de Tsui Hark, sur un chanteur rock tueur à gages. Notons également Fenêtre sur courts, programme de courts métrages de fiction québécois. Les billets pour ces primeurs sont en vente dès le jeudi 7 juin, à Ex-Centris.

Le plaisir du grand écran dehors à la belle étoile est aussi de retour. On pourra donc se regrouper devant La Moitié gauche du frigo, de Philippe Falardeau; Tigre et Dragon, d’Ang Lee, et Luna Papa, de Bakhtiar Khuojnazarov. Et, en première nord-américaine, installons nos chaises le 14 juin pour Together, du Suédois Lukas Moodysson, film qui prendra l’affiche le lendemain.

Together: le fil du courant
Lukas Moodysson avait fait un film juste et marquant sur l’adolescence et ses troubles. Cela s’appelait Fucking Åmål (1998), du nom d’une bourgade inintéressante où des jeunes filles découvraient l’amour. Un film d’aujourd’hui, d’ados et d’amour lesbien d’une rare sensibilité, qui avait séduit public et critiques. On retrouve ce même talent, cette précision dans le tir, avec Together, sa dernière fiction. Une femme au foyer, Elisabeth (Lisa Lindgren), s’étant fait tabasser par son mari, Rolf (Michael Nyqvist), part se réfugier avec ses enfants Eva et Stefan (Emma Samuelsson et Sam Kessel) chez son frère Göran (Gustav Hammarsten), qui habite en communauté. Ce sont les années 70, Tolérance zéro sur tous les plans. Mais c’est aussi la vie de banlieue. Choc des cultures.

Moodysson sait peindre les relations humaines. Pourtant, le sujet annonce du réchauffé, et fait craindre les pires clichés, du surplus de batik au pot, en passant par Janis Joplin. Mais on se glisse si naturellement dans Together que la mise en situation devient superflue. Au bout de quelques minutes, la seule chose qui importe est cette toile d’araignée sentimentale entre les individus. Entre une mère et ses enfants, traumatisés par une séparation et la découverte d’un autre style de vie; entre des copains; entre des futurs amants, des ex-amants, des futurs solitaires, ou des presque ados. Moodysson fait le portrait de tous les attachements avec une incroyable légèreté, trouvant les mots justes chaque fois, mais ne simplifiant jamais les situations. Et même si les personnages (bons acteurs, surtout les enfants) sont placés, contre leur désir véritable, comme les porte-étendards d’un sentiment précis de l’époque, même si l’on craint à chaque scène de sombrer dans le drame, l’intelligence de l’écriture sauve tout. Émerge alors un seul principe: le fil sentimental peut être tordu, hypocrite, déformé, mais il existe, il est solide. Et apparaît en bouquet final une chaleur émouvante. C’est le cocon d’abord, malgré tout, tendre et rassurant. Simple et excellent.

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