Young People Fucking : Sexe et confidences
Cinéma

Young People Fucking : Sexe et confidences

Young People Fucking, de Martin Gero, ou comment s’exciter pour pas grand-chose.

Enlevez le mot "fucking" du titre et remplacez-le par quelque chose de moins cru (Young People Talking About Sex, par exemple, ce qui décrirait d’ailleurs mieux la chose), et ce premier film de Martin Gero passerait inaperçu, comme tous ces autres longs métrages canadiens médiocres qui tiennent l’affiche une semaine, puis disparaissent dans l’oubli la suivante.

Or, avec cette provocation facile d’inclure un gros mot dans le titre, les esprits s’échauffent soudainement, jusqu’aux politiciens qui créent une pseudo-controverse autour du film, sans même l’avoir vu. Ce dernier élément est crucial car, après l’avoir visionné, on peut témoigner qu’il n’y a absolument rien de scandaleux ou de choquant dans Young People Fucking.

Le scénario, découpé d’après les étapes d’une relation sexuelle (préliminaires, pénétration, orgasme, apaisement), raconte parallèlement cinq histoires non reliées: une jeune femme naïve (Diona Baird) a une aventure d’un soir avec un coureur de jupons (Callum Blue); un couple blasé (Josh Dean et Kristin Booth) tente de reconnecter au lit; des anciens amants (Sonja Bennett et Josh Cooke) se retrouvent pour une nuit; deux amis d’enfance (Carly Pope et Aaron Abrams, qui a aussi coscénarisé le film) décident de coucher ensemble pour la première fois; et un jeune homme (Peter Oldring) se laisse convaincre par son coloc (Ennis Esmer) de faire un ménage à trois avec sa copine (Natalie Lisinska).

Loin de délicieusement repousser les limites comme le Shortbus de John Cameron Mitchell, où ce dernier s’amusait à montrer toutes les pratiques sexuelles imaginables (homme-femme, homme-homme, femme-femme, alouette!), le film de Gero est étonnamment prude et conventionnel. Malgré le fait que le scénario présente un total de 11 personnages différents, ces derniers sont tous blancs, hétérosexuels et dans la fin vingtaine, début trentaine. Pire, pas un seul des acteurs n’ose le "full monty" et la plupart des actrices gardent leur soutien-gorge pendant qu’elles baisent!

Bref, Young People Fucking n’est finalement qu’une banale comédie romantique, qui pourrait être diffusée intégralement à la télévision un soir de semaine sans faire sourciller qui que ce soit. La réalisation de Gero, au style très sitcom, serait d’ailleurs parfaitement à sa place au petit écran.

À voir si vous aimez /
Young American Bodies de Joe Swanberg, Québec-Montréal de Ricardo Trogi, La série C.A. de Louis Morissette