Audrey Tautou / De vrais mensonges : Maux d'amour
Cinéma

Audrey Tautou / De vrais mensonges : Maux d’amour

Audrey Tautou se lance dans la correspondance amoureuse anonyme dans De vrais mensonges où elle retrouve le réalisateur de Hors de prix, Pierre Salvadori.

Rencontrée en marge du Festival de Cannes, quelques mois avant d’affirmer à la presse britannique qu’elle rêvait d’abandonner sa carrière d’actrice afin de devenir marin, Audrey Tautou avouait qu’elle enviait Terrence Mallick, absent de la conférence de presse de The Tree of Life, de pouvoir échapper aux questions des journalistes: "Du coup, vous seriez tous au chômage!", s’était-elle esclaffée.

Que ses admirateurs se rassurent à propos de sa retraite. Prenant la pose pour quelques photographes, ses yeux brillaient tandis qu’elle affirmait avoir hâte de tourner Thérèse D., l’adaptation de Thérèse Desqueyroux de François Mauriac, sous la direction de Claude Miller. Quelques mois plus tard, on apprenait qu’elle allait donner la réplique à Romain Duris dans L’arrache-coeur de Michel Gondry, d’après le roman de Boris Vian.

Taquine, la Tautou? Désinvolte, plutôt, et certainement pas carriériste. De fait, bien qu’elle admire de nombreux cinéastes, la gracile actrice au visage mutin va rarement au cinéma, semble indifférente à l’idée de tourner à Hollywood et n’est pas du genre à harceler les réalisateurs – pas même Scorsese à propos d’un biopic sur Audrey Hepburn. La demoiselle paraît heureuse des rôles qu’on lui offre, comme celui qu’elle tient dans De vrais mensonges de Pierre Salvadori.

"Le challenge, c’était de surprendre Pierre. Cette comédie-là est peut-être dans un registre plus comique que Hors de prix, donc ça m’a permis d’aller dans un univers, dans un type d’interprétation que je n’avais jamais vraiment abordé, que j’avais seulement esquissé dans Hors de prix. Jouer dans une comédie franche, c’était assez nouveau pour moi."

Campé en province, De vrais mensonges met en scène Émilie (Tautou), gérante de salon de coiffure, qui, un jour qu’elle reçoit une lettre d’amour anonyme, décide de l’envoyer à sa mère (Nathalie Baye) qui se morfond depuis le départ de son mari (Daniel Duval). Ce qu’elle ignore, c’est que Jean (Sami Bouajila), son érudit et timide employé, est l’auteur de cette lettre. S’ensuivent plusieurs quiproquos et malentendus.

"C’est très amusant de jouer quelqu’un qui ment. Je l’avais déjà fait dans Hors de prix et ce qu’il y a d’intéressant, c’est d’évaluer son degré de compétence dans le mensonge et de savoir si on doit tromper le spectateur ou s’il ne doit pas être dupe de notre mensonge."

Audrey Tautou poursuit: "Je pense qu’il y a différentes sortes de comédies; Pierre propose un type de comédie qui n’est pas formaté. Moi, c’est ce qui me plaît. Il y a de la cruauté dans leurs rapports, leur comportement n’est pas forcément bien-pensant. Ça peut choquer certaines personnes et c’est ce que je trouve intéressant."

De vrais mensonges marque aussi les retrouvailles de Tautou et Baye 10 ans après Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall: "J’ai appris et été émerveillée de voir qu’on puisse garder l’enthousiasme des débuts. Malgré sa carrière exceptionnelle, Nathalie reste quelqu’un de très généreux, de disponible, avec un désir vierge. Et ça, c’est très beau à voir."

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Moins léger et pétillant qu’Hors de prix, De vrais mensonges emprunte joliment çà et là à Rostand, Marivaux et Feydeau, mais bien que certaines répliques soient inspirées, bien écrites et d’une délicieuse cruauté, l’ensemble ne lève qu’à moitié. Il faut dire qu’en misant sur certaines conventions théâtrales, Pierre Salvadori apporte un aspect artificiel, lequel plutôt que d’alléger le tout, le fait s’embourber dans une suite de scènes peu plausibles, par moments maladroites. Dans un rôle ressemblant sensiblement à celui qu’elle tenait dans Hors de prix de Pierre Salvadori, Audrey Tautou est comme un poisson dans l’eau. À ses côtés, la trop rare Nathalie Baye se donne avec générosité en femme en manque d’amour, tandis que Sami Bouajila fait montre de plus de subtilité.