Dans l’espoir d’en tirer un portrait personnel et intimiste, le cinéaste allemand Vadim Jendreyko a choisi de laisser sa fascination et sa tendresse pour Svetlana Geier – sujet de son premier ouvrage documentaire – teinter ses choix de réalisation comme s’il ne s’agissait pas d’une tare, mais plutôt d’une preuve de l’authenticité de sa démarche. Il faut dire que la vie exceptionnelle de cette femme, qui n’a pas été épargnée par les grandes crises qui ont ébranlé l’Europe du 20e siècle et qui a également consacré plusieurs années de sa vie à la traduction des cinq grands romans de Dostoïevski, suffisait déjà à assurer l’intérêt de l’oeuvre. Sagement, Jendreyko s’est laissé guider par son sujet, lui laissant le loisir de s’exposer à son rythme, souvent par la parole, toujours avec finesse et intelligence.