Tout ce que j’aime : Épopée punk
Sélectionné par la Pologne pour la course aux Oscars, Tout ce que j’aime (Wszystko, co kocham), de Jacek Borcuch, fait revivre l’époque Solidarnosc.
S’inspirant de ses souvenirs de jeunesse, Jacek Borcuch campe l’action de son troisième long métrage dans la Pologne du printemps 1981, époque où un simple mécanicien, Lech Walesa, menait le mouvement syndicaliste Solidarnosc. N’allez toutefois pas croire que le réalisateur signe ici un rigoureux cours d’histoire. De fait, la vision qu’il offre de cette époque bouillonnante se révèle pour le moins d’un morne romantisme.
Fils d’un militaire (Andrzej Chyra), leader d’un band punk, Janek (Mateusz Kosciukiewicz, énergique) en pince pour Basia (Olga Frycz, éthérée), fille d’un sympathisant du mouvement Solidarnosc (Grzegorz Gzyl). Bien qu’ils partagent les mêmes opinions politiques, Basia plaque Janek, accusant le père de ce dernier d’être responsable de l’arrestation de son père. Plus que la politique et les études, Janek ne rêve qu’à une chose, la musique. À tel point qu’il convainc son père de l’aider à monter un spectacle à l’école.
À écouter les performances du groupe de Janek, en réalité des morceaux de la formation WC, on a l’impression que le réalisateur, à l’instar de son héros, est davantage intéressé par la musique que par la politique. On se prend ainsi à regretter que Borcuch n’ait pas tenté de faire revivre la scène punk polonaise plutôt que de raconter en mode bêtement nostalgique les amourettes de deux jeunes.
À défaut de cela, le public aura droit à une série de saynètes où Janek et ses potes rêvassent dans les hautes herbes en regardant les filles se dénuder sur la plage ou soupirent devant les charmes mûrs d’une épouse de militaire (Katarzyna Herman, piquante). Lors de trop rares moments, Borcuch évoque le danger que court Janek à s’exprimer librement à travers ses chansons jugées subversives par le régime communiste.
Au final, Tout ce que j’aime ressemble à tous ces films honnêtes mais peu originaux relatant la formation d’un groupe, fictif ou non, dans la lignée de The Runaways de Floria Sigismondi ou de Bus Palladium de Christopher Thompson. La seule différence, c’est que Tout ce que j’aime avait pour toile de fond une époque riche et fascinante que le réalisateur n’a pas su exploiter. On se donne donc le droit de rêver à un héritier des Wajda et Schlöndorff qui n’aura pas peur de flirter avec le politique.