Chartrand, le malcommode : Michel Chartrand
Les images sont bouleversantes. Michel Chartrand chez lui, en fin de vie, narguant la mort à grandes bouffées de cigare cubain, entouré de quelques amis – Francine Lalonde, Gilles Vigneault, Luc Picard, Yvon Deschamps… -, revisitant avec eux les combats d’autrefois et commentant ceux qu’il reste à mener. Ces échanges traverseront Chartrand, le malcommode, film documentaire que Manuel Foglia consacre au syndicaliste et fort en gueule disparu en 2010, à 93 ans. Le réalisateur de Paroles et liberté et de Chers électeurs a aussi enfilé des perles d’éloquence tirées de nombreux discours et entrevues, embrassant l’essentiel des questions qui ont secoué le 20e siècle québécois. Le film évolue ainsi en pointillé, sautillant d’un sujet à l’autre et d’une époque à l’autre, ce qui ne va pas sans donner un peu le tournis au spectateur, mais le portrait est juste et le propos, particulièrement porteur en ces temps où la société semble enfin avoir retrouvé sa capacité d’indignation, crisse. Du 9 au 14 décembre, au Cinéma du Parc.
Je ne peux pas me déplacer pour aller au cinéma mais un jour il passera à la télé et je ne manquerai pas.J’adorais M.Chartrand et l’écouter,et j’ai beaucoup d’admiration pour les combats qu’il a mené.
Ben vous m’en direz tant, criss! Chartrand, je l’ai vu une fois dans les années 70, c’était au Café Campus, je crois. Un bon show, comme en font nos humoristes trash aujourd’hui. Grosses farces drôles en tabarnak sur les câlisses de patrons, cibouerre, et autres patarades du genre…après 15 minutes , j’ai décroché. J’ai jamais aimé son foulard palestinien, une parure provocante comme en mettent les vamps de cinéma et cette espèce d’enflure de l’insulte en dessous, comme son idole Castro, qui fumait des ostis de bons cigares en mettant en prison les calvaires de dissidents cubains.
Certains syndicalistes, et non les moindres, ont pourtant laissé entendre que Chartrand a poussé la caricature trop loin, et que ça a nui plus que ça a aidé le mouvement syndical , au bout du compte. Vadeboncoeur, son grand admirateur, le laisse entendre dans un de ses essais, je me rappelle plus lequel, disant lui préférer Gérard Picard, beaucoup plus discret, parce que plus humble et plus sensible à la popularité fragile du mouvement syndical auprès de la population à la fin des années 50.
Chartrand est sorti des ordres religieux en mordant à pleine gueule sur la quincaillerie de leurs sacristies pestiférées. Et il est resté croyant, avec la messe du dimanche et tout l’bazar crucifixatoire. Un énorme bouffon, ce Chartrand, en fait, et c’est pas pour rien qu’on l’aime tant à gauche comme à droite. Ça nous change du Frère André, un maigre frère taciturne qui faisait des miracles avec ses mains. Et pas drôle du tout, lui…