La nuit des enfants rois : Les surdoués
Cinéma

La nuit des enfants rois : Les surdoués

Issu du jeu vidéo, Antoine Charreyron signe La nuit des enfants rois, un premier long métrage d’animation sous influence américaine et japonaise.

Tourné en anglais sous le titre The Prodigies, La nuit des enfants rois est l’adaptation du roman de Bernard Lenteric paru en 1992, lequel a beaucoup marqué la jeunesse d’Antoine Charreyron. Campé à New York, le récit met en scène cinq adolescents d’une rare intelligence recrutés pour un jeu télévisé par un jeune homme, Jimbo Farrar (voix de Mathieu Kassovitz), travaillant pour une fondation pour surdoués. Après avoir subi une sauvage agression, les cinq génies découvrent qu’ils peuvent contrôler l’esprit des gens. Dès lors, ils voudront assouvir leur vengeance.

"Enfant, je rêvais de dire aux gens qui m’embêtaient: "Étrangle-toi!", lance le réalisateur. En termes d’ego, je me retrouvais dans Jimbo le trentenaire sans enfants qui passe son temps à jouer, et les jeunes me ramenaient au geek que j’étais adolescent. Leurs pouvoirs n’étaient pas dans le livre, les jeunes avaient seulement l’intelligence pour "hacker" des ordinateurs. Il fallait alors amener le côté super-héros. Dans la première version du scénario, les pouvoirs étaient pompés sur ceux d’Akira, mais j’étais un peu contre cette idée. J’ai donc proposé un truc plus viscéral axé sur la colère."

Ainsi, lorsque Jimbo et le club des cinq se mettent en colère, Hulk peut bien aller se rhabiller puisque s’ensuivent des scènes de destruction d’une grande violence. Dans ces moments spectaculaires, se devine la passion de Charreyron pour les films d’action américains, les mangas et les jeux vidéo: "Je sais, c’est n’importe quoi, pardon! Il y a un mec qui a envie de quitter la France, ça se voit ou pas? Hé, Los Angeles! Pensez à moi!" lance-t-il avec une voix de cartoon.

Embauché comme réalisateur de cinématique de jeu (Tomb Raider 6, The Bourne Identity) à sa sortie d’une école d’effets spéciaux, Charreyron a eu pour principaux clients des Américains: "J’ai eu la chance de travailler avec des gens dont j’aimais la culture. En France, je n’ai rien trouvé qui m’intéressait. J’ai été élevé par Spielberg, ma culture est typiquement faite de films américains, comics, jeux vidéo, mangas. On dit souvent des Français qu’on a été élevés entre l’Est et l’Ouest, ça fait donc tout un bordel dans nos têtes qu’on essaie de digérer tant bien que mal… et ça donne La nuit des enfants rois."

Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.

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La nuit des enfants rois

Pour son premier film, Antoine Charreyron s’est entouré du directeur artistique Viktor Antonov (le jeu Half-Life 2) pour les décors, et de deux dessinateurs de Marvel, Humberto Ramos et Francisco Herrera, pour les personnages. Pour le meilleur et pour le pire… Porté par un récit conventionnel de vengeance d’ados rebelles, La nuit des enfants rois a certes de l’action dynamitée, des prises de vue vertigineuses et un rythme d’enfer. Cependant, trop souvent l’ensemble prend l’allure d’un jeu vidéo désuet avec ses personnages sommairement dessinés par rapport aux décors, ses tapageuses scènes répétitives et ses effets de motion capture laissant à désirer. Si le récit va loin dans la violence, on ne peut en dire autant de sa critique du vedettariat instantané. Dans tout ce bruit et cette fureur, se faufile malgré tout un peu d’émotion.