Salmon Fishing in the Yemen : Petit poisson deviendra grand
Ewan McGregor et Amr Waked rêvent de pêche en plein désert dans Salmon Fishing in the Yemen de Lasse Hallström.
Adaptation du roman de Paul Torday, Salmon Fishing in the Yemen, de Lasse Hallström (My Life as a Dog, Chocolat), propose une romance sur fond de pisciculture se promenant entre Londres, l’Écosse et le Yémen. S’il s’était agi d’une comédie romantique répondant aux standards hollywoodiens, Ewan McGregor, rencontré au Festival international du film de Toronto, n’aurait certes pas embarqué dans cette aventure.
"J’ai toujours aimé explorer la romance au cinéma parce que le sentiment amoureux est si puissant chez nous tous. Ce film est très romantique, mais je ne l’ai pas perçu comme une comédie romantique, plutôt comme une comédie à l’esprit très britannique: c’est gentil, très subtil, fin, ce qui est peu habituel. De plus, je trouve le récit intelligent et original. Paul Torday, qui était ingénieur, a écrit son premier livre à 65 ans, c’est comme si cette histoire avait jailli de lui."
Incarnant un spécialiste en pisciculture, Ewan McGregor reçoit un jour la visite d’une jeune femme (Emily Blunt) qui lui demande de rendre possible la pêche au saumon au Yémen pour répondre aux désirs d’un scheik (Amr Waked). Après des premières rencontres orageuses, s’ensuivront bientôt des mots plus doux entre McGregor et Blunt.
Avouant candidement, au lendemain de la première de son film à Toronto, qu’il aimerait bien y couper quelques scènes, le réalisateur suédois poursuit: "Il y a tant de tonalités dans Salmon Fishing: on dirait un conte de fées qui se veut réaliste, une comédie qui se veut dramatique et romantique, il y a aussi des éléments fantaisistes. Il fallait créer un tout cohérent, ce qui tombait bien puisque j’aime mélanger les genres. Techniquement, cela me donnait la chance d’être plus ludique, de jouer avec l’image et le son. J’ai aussi permis à Emily et Ewan d’improviser par moments grâce à la chimie qu’ils partagent."
Pour l’acteur égyptien Amr Waked, Salmon Fishing était une occasion d’incarner un personnage offrant une belle image de l’homme arabe: "C’est quelqu’un d’humain, de très riche, qui voyage partout, qui connaît bien toutes les cultures, mais qui ressent le besoin d’être ancré. Comme il l’explique, on ne sait jamais ce que l’on va attraper à la pêche, et ça, c’est ce qui lui donne le sentiment d’être un homme simple, normal. C’est une situation où il se retrouve dans un rapport d’égalité avec son peuple. Au fond, c’est un sage."
Affichant toujours un air de gamin à 40 ans, Ewan McGregor s’est plu pour sa part à jouer avec son image de séducteur et à renouer avec ses racines pour son rôle de scientifique timide et maladroit.
"Je me suis amusé à le jouer de façon très écossaise, bien qu’il ne le soit pas dans le livre. Quand il survole l’Écosse et qu’il s’exclame qu’il y a longtemps qu’il n’a pas vu son pays, on comprend qu’il est coincé dans son travail, son mariage, sa maison, comme s’il n’arrivait pas à voir toutes les possibilités. Dans cette scène, il reprend enfin vie."
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Salmon Fishing in the Yemen
Sans le talent de ses interprètes, l’attendrissant Ewan McGregor, la pimpante Emily Blunt et, semblant surgir des Contes des mille et une nuits, le séduisant Amr Waked, Salmon Fishing in the Yemen serait une bluette aux vagues accents écolos et propos sociopolitiques facilement oubliable. Certes, il y a bien quelques idées de mise en scène amusantes, telle cette façon qu’a Lasse Hallström de filmer ses acteurs en plongée, les faisant du coup apparaître comme des petits poissons nageant à contre-courant. Et même si l’on souhaite l’union de Blunt et McGregor à la fin du récit, la prémisse est si lourdement exploitée que l’ensemble patauge. Heureusement, en porte-parole du premier ministre, Kristin Scott Thomas, qui manie allègrement le langage corsé, ajoute du piquant à la mièvrerie qui menace de noyer le tout.