No et moi : Fille de personne
Quatrième film de Zabou Breitman, No et moi, d’après le roman de Delphine de Vigan, s’intéresse à l’itinérance féminine.
Actrice au talent indéniable, Zabou Breitman s’est taillé une belle réputation de réalisatrice grâce à des oeuvres sensibles telles Se souvenir des belles choses, L’homme de sa vie et Je l’aimais. Si No et moi ne se révèle pas à la hauteur des trois précédents titres, ce n’est certainement pas une raison pour le rejeter en bloc. En fait, à travers la rage contenue de la jeune Lou (Nina Rodriguez, prodigieuse), on reconnaît celle du personnage de Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée de Claude Miller, dont Breitman s’est notamment inspirée.
Alors que chez Miller, l’adolescente se prenait d’admiration pour une jeune pianiste, Lou, jeune fille surdouée ayant de la difficulté à créer des liens avec ses camarades de classe plus âgés qu’elle, prendra sous son aile une itinérante de 19 ans, Nora dite No (Julie-Marie Parmentier, à fleur de peau). Soutenue par ses parents (Breitman et Bernard Campan) et son ami Lucas (Antonin Chalon, fils de Breitman), Lou découvrira peu à peu qu’on ne change pas de condition sociale si facilement.
Certes, Zabou Breitman ne donne pas toujours dans la subtilité dans sa façon d’aborder l’itinérance, allant même jusqu’à fournir à l’appui des statistiques sur les SDF. Toutefois, le portrait qu’elle trace de cette adolescente conscientisée, engagée et complexe est d’une justesse qui force l’admiration. Évitant à la fois le happy end tiré par les cheveux ou le sombre misérabilisme, Breitman insuffle à No et moi des moments de fraîcheur et de douce fantaisie qui rendent crédible cette histoire d’amitié impossible.