Cloclo: la légende de Claude François : Le démon blond
Cinéma

Cloclo: la légende de Claude François : Le démon blond

Le prodigieux Jérémie Renier explore le côté sombre d’une icône de la pop française dans Cloclo: la légende de Claude François, de Florent Emilio Siri.

En 2004, Yann Moix signait Podium, comédie dramatique où le Belge Benoît Poelvoorde incarnait un homme qui s’appliquait avec un soin maniaque à être le sosie de Claude François. Quelques années plus tard, un autre acteur du plat pays, Jérémie Renier, a dû apprendre le chant et la danse afin de prêter ses traits, assez ressemblants, au mythique chanteur populaire, qui s’appliquait avec un soin maniaque à polir l’image de Claude François.

"Cloclo s’est créé un personnage, explique Renier, et c’est assez incroyable car quand on le découvre, on se rend compte que Claude François n’était plus lui, mais une marque à part entière. Il avait créé une compagnie qui s’occupait de l’image de Claude François et stimulait les gens à en vouloir encore et encore. Ce n’était plus du tout artistique; comme Depardieu et De Niro, Cloclo est devenu une mascotte, une caricature de lui-même."

Ayant passé un an à l’étudier pour les besoins du biopic de Florent Emilio Siri (L’ennemi intime), le jeune acteur a découvert bien des facettes de ce personnage qu’il connaissait assez peu.

"Je connaissais son côté yé-yé et je le trouvais assez classe dans sa façon de s’habiller. Quand il a basculé du côté disco, là, il avait un côté très ringard. J’avais ce souvenir-là d’un personnage avec paillettes, ringard, efféminé, décoloré, avec des bonnes femmes et des chorégraphies. C’était ça qui était délicat à faire passer et en même temps grisant. Musicalement, il était très pointu, à l’aube de plein de choses, il a été le premier Blanc à enregistrer à la mode Motown. Il était beaucoup plus intelligent que je ne le pensais."

Si les fans connaissent la part d’ombre de Claude François, peu de gens savent que l’homme était plutôt imbuvable avec son entourage, ce que Cloclo: la légende de Claude François dévoile sans fard.

"Ce n’est pas un film à charge ni une hagiographie. La vision de Florent Emilio Siri, c’était d’être assez droit dans les yeux de Claude François, d’être juste derrière lui, de montrer sa vie. Les vrais fans, qui savaient que le mec était odieux, exigeant, avaient peur qu’on détrône l’icône; ce qui est assez fou, c’est que les gens pas fans du tout ont été touchés et intéressés par le personnage."

Fauché prématurément en plein succès à l’âge de 39 ans, en 1978, Claude François serait aux yeux du réalisateur un personnage aussi complexe que Michael Jackson, ce avec quoi Jérémie Renier semble d’accord.

"Claude François a eu une destinée vraiment romanesque, une vie tragique. Dans son rapport difficile avec son père, sa peur de grandir, son désir de rester dans les jupons de sa maman, sa difficulté à s’accepter physiquement, il est près de Michael Jackson, qui a aussi été un mec qui n’arrêtait jamais, qui s’est créé une image et a orchestré un mystère autour de lui. Cloclo me touche, j’ai une douce sympathie pour lui parce que c’est un mec qui n’avait pas trop d’introspection et qui a eu de la difficulté à se trouver."

Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance et Les Films Séville.

En salle le 29 juin.