La fille au manteau blanc : Élise perdue dans Montréal
Adaptation libre d’une nouvelle de Gogol, La fille au manteau blanc, de Darrell Wasyk, nous transporte dans un Montréal hostile.
À l’instar de Sue perdue dans Manhattan d’Amos Kollek, La fille au manteau blanc, de Darrell Wasyk (Mustard Bath, H), présente une héroïne des plus pathétiques. Habitant un appartement miteux appartenant à une propriétaire acariâtre (Monique Mercure), Élise travaille durement dans une usine et subvient aux besoins de son père malade (Julien Poulin). Victime des moqueries de ses collègues, elle décide un jour d’apporter son vieux manteau chez un tailleur bienveillant (Paul Savoie) qui le remet au goût du jour sous l’oeil courroucé de sa femme (Louise Marleau). Dès lors, l’existence d’Élise s’en trouve complètement transformée.
S’étant librement inspiré du Manteau de Gogol, la dimension fantastique en moins, Wasyk signe un scénario inabouti qu’il aurait mieux fait de tourner en court ou moyen métrage. De fait, plusieurs épisodes, dont celui avec le père et la rencontre avec un prostitué amateur de romans graphiques (Joey Klein), n’apportent rien de bien consistant au récit si ce n’est que de cerner davantage la personnalité d’Élise.
Or, celle-ci, défendue par Pascale Montpetit qui semble avoir été abandonnée à elle-même, demeure une énigme jusqu’à la fin. Est-elle simple d’esprit? Sous l’effet de puissants médicaments? Vivant dans un monde imaginaire? Toujours est-il que plusieurs de ses actes demeurent pour le moins inexplicables, voire irrationnels, d’où la difficulté à réellement s’attacher à elle et à vouloir la suivre dans ses déambulations dans un Montréal où les unilingues anglophones paraissent curieusement bien méchants envers les pauvres francophones bilingues. Parmi les rares anglophones faisant preuve de bonté, se trouvent le patron d’Élise et son assistante (Roc Lafortune et Lita Tresierra); là encore, leurs agissements échappent à la logique.
Par ailleurs, on peine à reconnaître la métropole d’aujourd’hui tant La fille au manteau blanc possède un aspect défraîchi, renforcé par la terne photographie, et que les personnages y évoluant paraissent appartenir à un passé pas si lointain. C’est à se demander si ce n’est pas un rappel des spectres hantant Saint-Pétersbourg dans la nouvelle de Gogol. Quant au grotesque du récit original, chez Wasyk, il s’approche dangereusement du burlesque.
J’ai été voir ce film et j’au eu l’impression d’être dans les années 50 ou 60 lorsque les Montréalais francophones étaient forcés à parler anglais avec les anglophones qui étaient patrons et propriétaires de commerce.
Comme mentionné dans votre critique, Pascale Montpetit a du travailler fort et sans vraiment de moyens pour nous exprimer un peu d’empathie envers son personnage.
Les critiques ont probablement été très sévères envers ce film car j’étais seul pour la représentation; en d’autres mots, une séance privée juste pour moi.