Michael : Cinq mois
Premier film de Markus Schleinzer, Michael raconte les derniers jours de vie commune d’un pédophile et de sa victime.
Sans aller jusqu’à prétendre que le réalisateur Markus Schleinzer est le dauphin du grand Michael Haneke, avec qui il a développé La pianiste et L’heure du loup et pour qui il a coaché les enfants sur le plateau du Ruban blanc, on pourrait affirmer qu’il s’annonce comme l’une des nouvelles voix du cinéma autrichien. Et ce, même si son long métrage, en compétition officielle à Cannes l’an dernier, se révèle une déception malgré de grandes qualités.
De fait, on retrouve dans Michael, austère illustration du quotidien d’un pédophile trentenaire (Michael Fuith, excellent) et du garçon de 10 ans (David Rauchenberger, juste) qu’il tient captif depuis des mois, une approche clinique et un remarquable souci du détail qui ne sont pas sans rappeler la touche de Haneke. Par moments, l’atmosphère glacée qui y règne, la répétition des gestes banals qui deviennent rituels évoquent le cinéma, abrasif, d’un autre compatriote, Ulrich Seidl.
Étrangement, ce sont les qualités de la mise en scène qui finissent par lasser et, surtout, le degré zéro de psychologie qui gâche le tout. Certes, il fallait être audacieux pour raconter ce récit du point de vue du bourreau plutôt que de la victime; mieux encore, pour ne porter aucun jugement envers lui. Sauf qu’à demeurer ainsi dans cette position, le spectateur sort de l’expérience ébranlé, mais avec l’impression d’être un vulgaire voyeur.