Lincoln : Le républicain
Fasciné depuis l’enfance par le 16e président des États-Unis, Steven Spielberg lui consacre un drame politique-fleuve, Lincoln, où brille le colossal Daniel Day-Lewis.
Partiellement inspiré du livre de Doris Kearns Goodwyn (Team of Rivals: The Political Genius of Abraham Lincoln), ce condensé d’histoire américaine, frayant dangereusement avec la grandiloquence et les excès de patriotisme, raconte les derniers mois d’Abraham Lincoln (Daniel Day-Lewis), alors que celui-ci tente d’unifier l’Amérique et faire abolir l’esclavagisme, tandis que la guerre de Sécession fait rage.
De sa caméra aux amples mouvements fluides, Janusz Kaminski balaie les champs de bataille et dévoile l’horrible carnage. À la suite de cette courte mais percutante scène d’ouverture (moins spectaculaire toutefois que celle de Saving Private Ryan), Steven Spielberg donne le ton dans cette séquence didactique où de jeunes soldats récitent l’Adresse de Gettysburg sous le regard de Lincoln, mi-statue figée, mi-papy bienveillant.
Dès lors, Spielberg aura beau multiplier les scènes intimistes où seront mis à contribution les talents de Sally Field et, brièvement, de Joseph Gordon-Levitt, incarnant respectivement Mary Todd et Robert Lincoln, jamais il ne parviendra à nous faire connaître l’homme. Ni l’interprétation grandiose de Daniel Day-Lewis ni sa ressemblance troublante avec le président républicain ne sont en cause. En fait, le cinéaste, soucieux de rendre compte de toute la complexité des enjeux politiques, ne réussit qu’à mettre en scène un monument historique écrasant toutes les figures, fictives ou non, évoluant autour de lui. Sans le jeu nuancé de Tommy Lee Jones et la truculence de James Spader, de même que le souffle épique de la mise en scène, Lincoln ne serait qu’un rigide et bavard cours d’histoire.
En salle le 16 novembre en version originale anglaise