Geneviève Rioux / Crée-moi, crée-moi pas : L'art ou la vie
Cinéma

Geneviève Rioux / Crée-moi, crée-moi pas : L’art ou la vie

Création ou procréation? Voilà la question que posent Geneviève Rioux et Marie-Pascale Laurencelle dans Crée-moi, crée-moi pas.

C’est à partir de ce questionnement en lien avec sa propre expérience de mère ainsi qu’avec celles de ses collègues du milieu artistique que la comédienne et animatrice Geneviève Rioux a imaginé le documentaire Crée-moi, crée-moi pas, écrit et coscénarisé avec la réalisatrice Marie-Pascale Laurencelle.

En compétition officielle au Festival international du film sur l’art (FIFA) du 14 au 24 mars à Montréal, ainsi qu’au Brooklyn Girl Film Festival du 28 au 30 mars à New York, le film présente le témoignage de plusieurs créatrices dont Evelyne de la Chenelière, Anaïs Barbeau-Lavalette et Nancy Huston. «Je me suis dit que ce serait intéressant de ratisser large, d’aller voir dans toutes les disciplines artistiques», relate Rioux. À cela s’ajoute le point de vue de deux hommes, René Richard Cyr et Robert Lepage.

Après deux ans de recherches intensives, celle que l’on a découverte dans Le déclin de l’empire américain et vue, plus récemment, dans La vérité a cerné la ligne directrice de son film par le biais de l’écrivaine franco-canadienne Nancy Huston. «Je devais trouver une façon de parler de mon sujet, de le “jazzer”, et c’est Huston qui me l’a apportée à travers ses œuvres, ses essais, raconte Rioux. Selon elle, la mère doit être une personne équilibrée, optimiste, qui a réponse à tout, alors que l’artiste doit bousculer la société, il est excessif, il a souvent le goût de travailler le soir, la nuit, et il a besoin de beaucoup, beaucoup de temps pour créer.»

Nancy Huston croit donc qu’il y a une véritable contradiction entre la femme artiste et la maman. À l’opposé, Evelyne de la Chenelière, qui a mis au monde Monsieur Lazhar, avait installé dans le couloir chez elle un bureau où elle rédigeait ses pièces de théâtre dans le tumulte et le chaos, ses enfants s’agitant autour d’elle. Anaïs Barbeau-Lavalette, modèle de courage et de détermination, est partie tourner au Proche-Orient Inch’Allah, son bébé sous le bras.

Plusieurs témoignages, donc, différentes opinions sur la question, mais pour Geneviève Rioux, il est possible de trouver l’équilibre entre la maternité et la pulsion de créer. Mais qu’en est-il des femmes qui font le choix de ne pas avoir d’enfants? «Le film n’est pas une apologie de la maternité, c’est un questionnement. C’est pourquoi on voulait présenter aussi une artiste qui avait décidé de ne pas avoir d’enfants. Notre choix s’est porté sur Brigitte Haentjens, qui est heureuse, épanouie et qui fait de très belles choses!»

En tant qu’homme ne pouvant procréer, René Richard Cyr explique qu’il veut laisser une trace, et sa façon de le faire, c’est de créer. De son propos émerge une réflexion: les femmes qui ne peuvent avoir d’enfants devraient peut-être se tourner vers l’art afin de sublimer cette volonté de donner la vie, pour «remplacer» en quelque sorte la procréation par la création. «C’est une observation sur le film que je n’avais pas entendue encore, et je trouve ça très intéressant! s’exclame Rioux. Parce que parfois, c’est un long deuil pour la femme de ne pas pouvoir être mère. Alors oui, je pense qu’effectivement elles devraient créer.»

Voilà qui ferait un bon sujet de documentaire.

 

À Montréal

Le 23 mars à 18h30

À la Place des Arts au FIFA

artfifa.com

 

À Québec

Le 28 mars dès 17h

Au Musée national des beaux-arts

5 à 7, projection et table ronde

Réservations requises au 418-643-2150

Infos au mnba.qc.ca