The Family : Entre voisins
Cinéma

The Family : Entre voisins

The Family de Luc Besson est une comédie sombre ni drôle, ni enlevante.

Bien que son nom est davantage associé à titre d’auteur ou de producteur de séries de films d’action faisant pâlir son étoile à vue d’oeil de nos jours, le cinéaste français Luc Besson (Le Grand Bleu, The Fifth Element, etc.) se nuit également à lui-même comme réalisateur et The Family en est un cruel exemple.

Famille américaine liée au crime organisé depuis toujours, les Manzoni sont envoyés en Normandie pour se faire oublier, alors que le père, Giovanni Manzoni (Robert De Niro, qui fait de son mieux compte tenu du scénario) a trahi son patron. Le calme ennuyant des environs et certains tics du voisinage feront en sorte que le clan, complété par la mère Maggie (Michelle Pfeiffer, inégale), le fils Warren (John D’Leo, une révélation) et la fille Belle (Dianna Agron, maladroite), retombera dans ses habitudes violentes et ses activités interlopes, au grand dam de Stansfield, l’agent de la CIA chargé de les protéger (Tommy Lee Jones qui en vient à susciter Garfield tant ses airs bourrus sont attachants ici).

Avouons-le, l’oeuvre – sur papier – semblait prometteuse. Non seulement The Family marquait un retour de Besson vers le cinéma d’action (genre où il a excellé avec Nikita et Léon, notamment), mais le projet rallie deux autres acteurs qui se sont distingués dans des films sur la pègre: Robert De Niro, bien sûr, ainsi que Michelle Pfeiffer. Idem pour le tango de monstres du septième art entre Lee Jones et De Niro qui sollicite presque le duel entre ce dernier et Al Pacino sur le plateau du cultissime Heat. Et, mine de rien, un «film de mafia» sur fond de campagne en Normandie, c’est plutôt original comme idée.

Mais le long métrage, inspiré d’un roman de gare, s’enlise rapidement. L’action, tout comme l’intrigue, manque de tonus. Comme si ce n’était pas assez, l’humour est aussi mou en plus d’être dangereusement cliché (les Américains sont rustres, les Européens sont chiants, etc.). Le scénario, lui, est carrément débile.

Un exemple? Profitant de la nouvelle identité fournie par la CIA, Giovanni dit à son voisin être un auteur du nom de Fred Blake. La nouvelle s’ébruitera et fera en sorte qu’un club de cinéphiles – qui, visiblement, fait peu de recherches – l’invitera à animer une discussion après le visionnement d’un film (Goodfellas de Scorcese, un classique mettant également en vedette De Niro et un des rares clins d’oeil amusants de The Family). C’est un détail, bien sûr, mais ceux-ci s’accumulent tellement qu’on en vient à se demander si Besson et son coauteur Michael Caleo nous prennent pour des cons ou si c’est eux qui perdent de leur virtuosité avec le temps.