FNC / Go in the Wilderness / Au nom du fils : Femmes rebelles
FNC 2013

FNC / Go in the Wilderness / Au nom du fils : Femmes rebelles

Au nom du fils de Vincent Lannoo et Go in the Wilderness d’Elza Kephart font rimer religion et rébellion.

Situés aux antipodes l’un de l’autre, Au nom du fils du Belge Vincent Lannoo, écrit avec la collaboration de Philippe Falardeau, et Go in the Wilderness de la Montréalaise Elza Kephart, seul film canadien de la section Temps ø, mettent en scène un personnage féminin hors du commun se rebellant contre sa condition.

Animatrice d’une émission religieuse à la radio, Elisabeth de la Baie (Astrid Whettnall, splendide) remet en question sa foi lorsque son mari meurt à la suite d’un bête accident survenu dans un camp spirituel et que son fils de 13 ans lui avoue en ondes vivre une idylle avec un ami vicaire. Dès lors, cette fervente catholique se transforme en Vierge-Rambo et décide de bouter hors de l’Église toutes les brebis galeuses.

D’un ton joyeusement décalé, d’une esthétique évoquant les années 1950, Au nom du fils s’avère une décapante dénonciation des abus de l’Église, des dérives de la foi aveugle et des dangers de l’intégrisme. En résulte une jouissive comédie intelligente en forme de conte cruel qui suscite autant le rire que la réflexion.

S’inspirant du Talmud et de l’Ancien testament, Elza Kephart propose pour sa part une vision d’une poésie déroutante de la première rébellion féminine à travers le mythe de Lilith (Stephanie Chapman-Baker), première compagne d’Adam (Devin Estes), qui la remplaça très tôt par Eve (Julie Johnson). Perdue au milieu d’une nature hostile, Lilith tente de retrouver, à l’aide d’un homme se prétendant son gardien (Kevin Jake Walker), le jardin d’Éden d’où elle s’est échappée.

Avec ses dialogues dont la naïveté souligne avec humour l’absurdité des concepts du péché de la chair et de la femme tentatrice, Go in the Wilderness propose une séduisante et audacieuse lecture des Saintes Écritures. Pour ajouter au plaisir, le tout bénéficie de la très belle photographie de Glauco Bermudez (La cicatrice de Jimmy Larouche).

Au nom du fils, ce jeudi, à 15h, au Quartier Latin. Go in the Wilderness, ce samedi, à 15h, au Pavillon Judith-Jasmin.