BloguesDenis McCready

Lettre ouverte aux rédacteurs et rédactrices de Line Beauchamp

(Pendant que je réfléchis au concept d’auto-goulag et parce que j’imagine que la boîte de courriels de Mme Beauchamp est bien garnie ces jours-ci…)

(Ajout du 5 avril suite au commentaire de M. Carmichael)

Parce que je n’ai pas encore pris le temps de vérifier la source de ce que je vais dénoncer si bas, je tiens à ouvrir la lettre aux « conseillers politiques » et aux autres « spécialistes » en communications. Quiconque a un lien avec le contenu ou le style des interventions de la ministre Beauchamp est ici visé. Quand j’aurai des noms, je les publierai ici. (Merci de la suggestion, M. Carmichael)

(Texte original)

Madame, monsieur,

J’ai lu et entendu les interventions de Mme Beauchamp depuis quelques semaines et je dois avouer que je suis passablement déçu. Je me dois de souligner certains points dans le plus strict intérêt pour votre avenir professionnel.

Les arguments, les faits cités, la manière de parler, tout ça démontre que madame Beauchamp est très mal conseillée. Compte tenu de l’ampleur de son travail, je soupçonne qu’on lui prépare ses points de communications, directement de son bureau ou en provenance du bureau du Premier ministre. Où que vous soyez, rédacteurs et rédactrices, je m’adresse à vous :

La référence aux casseurs, suggérant que les étudiants sont infiltrés par des vandales ou eux mêmes violents.

C’était prévisible de tenter d’entacher les étudiants en utilisant la violence comme stigmate. Rappelons que le FLQ a marqué au fer rouge le Québec et qu’il est prévisible qu’une référence à la violence sois tentée par un élu. Prévisible et bête. Vraiment bête. Et l’amalgame avec la manifestation annuelle contre la brutalité policière… Quel manque d’originalité.

L’incident des lunettes cassées raconté à Tout le monde en parle en réponse à une question de Guy A. Lepage.

Déséquilibré, voire déplacé. On n’a pas ici affaire à la branche armée de la CLASSE, sorte de IRA-Académie, et dont les participants sont des révolutionnaires entraînés à Cuba. Je déplore tout usage de la violence, mais présentement les faits démontrent que c’est la police de Montréal qui a le plus à se reprocher. Une pareille déclaration à ce moment là était un vulgaire pétard mouillé.

La « majorité silencieuse » mentionnée le lendemain de la plus grande manifestation publique de l’histoire du Québec.

Très étroit. Je dirais même petit. Le genre de déclaration qu’on attend de gens sans envergure. Une majorité silencieuse, c’est exactement ce que votre Premier ministre souhaite pendant qu’il travaille à déposséder le Québec comme un liquidateur sans scrupule.

Le ton condescendant/infantilisant « je-suis-tellement-désappointée-devant-vous-petits-chenapans-rentrez-chez-vous-lavez-votre-visage-mangez-vos-petits-pois » qui lui donne un air de belle-mère aux prises avec les premiers enfants de son mari.

Je trouve ce ton profondément insultant (et j’ai 44 ans, imaginez si j’avais 20 ans!) Faites-la parler comme une ministre, comme une élue, comme une femme de conviction. Elle ne peut pas continuer dans ce registre, c’est désolant.

Je vous recommande un changement de ton et de style radical, sinon vos chances de vous trouver un emploi après sa démission sont bien minces. Vous avez 5 à 6 mois pour vous racheter avant qu’elle ne fasse une annonce officielle suite à une classique réflexion durant ses vacances d’été, invoquant sa famille et son avenir professionnel.

Vous savez qu’une finale de grande ampleur, presque lyrique, fera oublier vos bévues et maladresses. Soyez audacieux, soyez intelligents, respectez votre auditoire et il vous le rendra. Pensez à des formules historiques, relisez les classiques des déclarations politiques, empruntez à Lévesque s’il le faut! Après tout il a commencé sa carrière politique comme un Libéral!

Pour l’instant, vous vous comportez d’une manière immonde et seul votre anonymat vous protège du ridicule.

Au final, contrairement aux députés élus du Parti Libéral qui ont clairement décidé de passer à l’histoire comme les complices d’une grande dépossession (accès à l’éducation, pillage des réserves naturelles, destruction des écosystèmes, surtaxation des citoyens – il faudra voir après leur mandat si ça mérite des accusations au criminel…), vous ne risquez pas de pareilles taches publiques car votre travail se fait dans l’ombre et l’histoire ne retiendra pas vos noms (tant mieux pour vos enfants!). Pensez à votre avenir financier, pensez à votre hypothèque, pensez à vos enfants qui devront payer des frais de scolarité plus élevés, pensez à votre lit de mort, mais PENSEZ avant d’écrire!

Bon, bon, je m’emporte…  Mais vous avez compris le message.