Gabriel Nadeau-Dubois : «Le mouvement écologiste doit devenir un mouvement citoyen»
Du pétrole ma parole

Gabriel Nadeau-Dubois : «Le mouvement écologiste doit devenir un mouvement citoyen»

Militant reconnu pour ses prises de parole mobilisatrices, Gabriel Nadeau-Dubois marchera pour le climat et participera à un grand spectacle, le 11 avril, en plus d’être l’un des auteurs du manifeste Élan global, dévoilé le 7 avril.

La tragédie de Lac-Mégantic aurait dû être un moment de prise de conscience.
Cette tragédie-là aurait dû nous ouvrir les yeux sur le caractère destructeur de notre dépendance collective au pétrole.
Et ça ne l’a pas fait.

VOIR : Vous avez fait un premier pas dans la lutte aux hydrocarbures, récemment, en remettant votre bourse du prix du Gouverneur général à la campagne Coule pas chez nous. Ce premier pas dans la lutte aux hydrocarbures et à la favorisation des alternatives énergétiques renouvelables vous a-t-il mené vers la Marche Action Climat et à co-écrire le manifeste Élan global?

Gabriel Nadeau-Dubois : Moi, je ne suis pas un écologiste de longue date. J’ai toujours été préoccupé par les questions de justice sociale. Pour moi, c’est une nouvelle préoccupation, un nouvel enjeu, et ça vient d’un événement en particulier. Le jour de la tragédie de Lac-Mégantic, par une coïncidence absolument exceptionnelle, j’étais à Fort McMurray, en Alberta. La ville qui est au coeur de l’exploitation des sables bitumineux. J’étais invité là-bas par les communautés autochtones de la région qui avaient invité des militants québécois et canadiens d’un peu partout pour visiter, tout simplement. Et l’objectif était de nous partager la détresse que ces peuples-là vivent. Et j’étais littéralement en train de marcher au milieu des sables bitumineux lorsqu’on a appris qu’il y avait eu la tragédie de Lac-Mégantic. Et j’avoue que, pour moi, ça a été un point tournant parce que je me suis rendu compte, à ce moment-là, à quel point on s’en allait dans la mauvaise direction. Et je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de profondément déréglé avec notre économie et notre mode de vie. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que je me suis mis à écrire sur la question et à m’intéresser davantage à ces enjeux-là, ce qui m’a amené, donc, un peu plus d’un an plus tard, lorsque j’ai reçu le prix du Gouverneur général, à remettre la bourse de 25 000$ à Coule pas chez nous. De là, j’ai continué à m’impliquer sur cette cause-là et les organisateurs de la Marche Action Climat m’ont demandé d’être une des personnalités qui appuyaient l’initiative et qui étaient dans l’organisation. Ce que j’ai fait. Et c’est vraiment la tragédie de Lac-Mégantic et la circonstance dans laquelle je l’ai appris qui m’ont mis sur cette piste-là.

VOIR : Ça allait donc de soi que vous iriez marcher et que vous vous impliqueriez dans cette lutte, en joignant ce mouvement écologiste?

GND : Oui et cette tragédie-là aurait dû être un moment de prise de conscience. Cette tragédie-là aurait dû nous ouvrir les yeux sur le caractère destructeur de notre dépendance au pétrole, de notre dépendance collective au pétrole. Et ça ne l’a pas fait. Les enjeux sont trop grands pour qu’on laisse ce combat-là entre les mains des écologistes. Il faut que, comme citoyens et citoyennes, ça devienne un enjeu important pour tout le monde.

VOIR : Est-ce que c’est aussi par la suite que l’idée d’écrire en groupe le manifeste Élan Global est née?

GND : On m’a approché à l’automne dernier quand le collectif commençait à se former. J’ai fait partie du collectif qui a rédigé le manifeste et oui, à ce moment-là, j’ai accepté, pour ces mêmes raisons-là. Au début, c’était pas certain que ce soit un manifeste. On a réfléchi et donc on a formé ce collectif et écrit ce manifeste, et le manifeste est le premier geste de notre petit collectif, et ce n’est pas terminé, évidemment.

VOIR : Quelles seront les prochaines étapes à cette mobilisation citoyenne? Que fait-on ensuite?

GND : Il va y avoir d’autres événements, d’autres sorties, certainement dans les prochains mois. Notre collectif est formé, il est actif et il va le rester.

VOIR : À date, la réponse est-elle bonne? Comment la percevez-vous?

GND : Ce n’est pas un seul manifeste ou une seule manifestation qui va faire la différence. C’est l’accumulation des prises de parole citoyennes. Et plus il y aura de gens qui vont prendre la parole, plus il y aura de gens qui vont manifester leur désaccord et leur volonté de prendre une autre direction, plus on va forcer la main à la classe politique à nous écouter.

VOIR : Y a-t-il des actions prévues du côté de votre collectif, en lien avec la réunion des ministres, le 14 avril prochain?

GND : Nous irons marcher, c’est sûr, aux côtés des citoyens, le 11 avril.

VOIR : Vous participez aussi au Climat Show, en soirée, le 11 avril. Peut-on s’attendre à un discours particulier?

GND : J’ai prévu parler de l’importance et du pouvoir de la mobilisation collective. C’est quelque chose que j’ai appris dans les dernières années et je pense que c’est quelque chose qu’il faut revaloriser. Je pense aussi que le mouvement écologiste doit devenir un mouvement citoyen. C’est ce dont je prévois parler samedi prochain. De la nécessité de faire des questions écologiques des enjeux larges et citoyens. Je pense que c’est la prochaine étape, au Québec.

Marche Action Climat : 11 avril à 13h – Départ devant l’Hôtel le Concorde, 1225 Cours du Général de Montcalm (Québec)
Le Climat Show : 11 avril à 19h30 au Capitole de Québec
Élan global : elanglobal.org