Nombreux ont été, au fil des ans, les coups de gueule spectaculaires du maire Labeaume. À constater les majorités étincelantes obtenues, force est d’admettre que la formule, bien que parfois inélégante, se veut éprouvée. Ceci explique cela? J’en sais rien. Faudrait demander aux électeurs de Québec. Reste toutefois que les modus operandi simplistes, voire populistes, comportent leur lot d’écueils pour l’efficience démocratique, le respect de l’État de droit. Ainsi, bien que lesdits coups de gueule puissent parfois être rigolos, il importe de demeurer vigilants quant aux résultantes, à court, moyen et long terme, de ces dernières.
Plus récente illustration de ce qui précède : la croisade de Régis à l’encontre de la mafia. Disons d’entrée de jeu qu’en cette ère de Commission Charbonneau, UPAC et tutti quanti, nul besoin d’être bien malin pour conclure que le thème anti-corruption, au sens propre (sans jeu de mots), est plutôt porteur chez quelconque électeur. Et Régis le sait fort bien.
Les faits, d’abord : en novembre 2013, le syndicat des employés du Loews le Concorde révèle que l’hôtel va fermer après 40 ans d’existence. L’homme d’affaires Eddy Savoie conclut une entente de principe avec les propriétaires afin de l’acquérir et en faire une résidence pour personnes âgées. Janvier 2014, le maire Labeaume annonce son intention d’assurer que l’immeuble conserve sa vocation hôtelière. La guerre est ouverte, bref. Au diable la bravade, Loews vend ensuite son immeuble à Eddy Savoie, lequel annonce avoir trouvé un groupe d’acheteurs souhaitant en faire un complexe de condos-hôtels.
Quiconque connaît Labeaume un tant soit peu sait ou aurait dû savoir qu’il ne s’en laisserait pas imposer si facilement à même son royaume. Conférence de presse à l’appui, rien de moins, le maire affirme que « deux sources fiables qui ne se connaissent pas l’ont avisé ces derniers jours que les acheteurs de l’hôtel Le Concorde avaient des liens avec Tony Magi ». Il précise que les sources en question ne sont ni l’UPAC ou autre institutions liées à l’immobilier. Il conclut enfin que Magi ne ferait pas partie des acheteurs en tant que tels, mais serait représenté par un prête-nom dans le groupe.
Campagne de relations publiques aux airs purement diffamatoires, ainsi donc. Mortel pour tout entrepreneur, surtout en cette période où le crime par association trône au sommet de la hiérarchie des pêchés réels ou appréhendés. Mais le maire n’était pas pour s’arrêter en si bon chemin. Non satisfait donc d’avoir sali, voire coulé, des réputations et leur projet, Labeaume pousse le bouchon davantage : il fait modifier, en catastrophe, le zonage du Concorde afin d’y permettre uniquement la fonction hôtelière. Donc interdire par voie réglementaire, ô subtil, les activités de Savoie et cie.
Vous avez bien lu, oui. Un maire qui utilise les pouvoirs publics afin de barrer la route à quiconque ose lui tenir tête. Basé sur quoi? Sur un pur ouï-dire. Je-connais-quelqu’un-qui m’a-dit-que-ça-a-l’air-que-quelqu’un-dans-le-groupe-de-Savoie-ressemble-à-Magi. Parce que pressé de se justifier, le maire dû préciser « ne pas regretter avoir agi ainsi même s’il n’a pas la confirmation de la participation de Magi ». Aucune confirmation, donc. Surtout pas des autorités pertinentes, l’UPAC n’ayant pas les pouvoirs requis afin d’enquêter à même une transaction privée. Paraît-que-quelqu’un-dans-le-groupe-ressemble-à-Magi, d’ajouter le maire, pour sa défense. Oui, nous en sommes rendus là. C’était maintenant quelqu’un qui ressemblait au pas si célèbre présumé mafieux, parait-il.
Fin renard, l’avocat de Savoie lance alors un défi au maire : quiconque prouvera les liens entre le groupe et la mafia aura droit à une récompense. Au moment d’écrire ces lignes, l’argent promis n’aurait pas bougé d’enveloppe. Et quand Savoie prétend sournoisement que l’obstination du maire provient de son souhait de protéger les intérêts commerciaux de sa belle-soeur, également propriétaire d’un centre environnant de personnes âgées, Labeaume, sans nier cette dernière portion factuelle, tonne : « Comprenez-vous pourquoi on ne veut pas y parler ? […] C’est un dangereux! »
Bien sûr, monsieur le maire. Seul vous avez droit d’y aller d’allégations diffamatoires, de sous-entendus vicieux. Sauf qu’à tout prendre, il m’appert que la différence fondamentale entre votre comportement et celui de Savoie réside dans ceci : ce dernier n’est pas titulaire d’une charge publique. Détail? Au contraire. Discréditer un projet du simple fait d’allégations non soutenues et/ou prouvées constitue, déjà, une atteinte grave à la réputation. Mais barrer la route à un entrepreneur au motif de fréquentation de fantômes mafieux en utilisant les pouvoirs publics relève, pour sa part, d’un abus de pouvoir pur, d’un abus de droit simple.
Maurice Duplessis avait pour habitude de tonner « C’est moé le cheuf ! ». Difficile de ne pas y voir son ombre, de temps à autre, dans le comportement de Labeaume. La présente histoire, symptomatique du roitelet à qui on ne refuse jamais rien, fait d’ailleurs drôlement penser à l’affaire Roncarelli contre Duplessis. Ce dernier, simultanément premier ministre et procureur général (rien de moins), retira le permis de restauration de Roncareli sur la base de sympathie religieuse. Faut dire que Roncarelli, Témoin de Jéhovah lui-même, avait la fâcheuse manie de payer la caution de divers co-religionnaires emprisonnés pour cause de prosélytisme religieux soit, en l’occurrence, la distribution de littérature pro-Jéhovah.
On répliquera que la pseudo-menace Jéhovah de l’époque n’avait rien à voir avec l’ampleur des activités mafieuses aujourd’hui présentes au Québec. Rien n’est moins sûr, du moins dans l’optique où la chasse aux Jéhovah, jumelée à celle aux « commussisses », figurait au premier rang des initiatives duplessistes afin de sauvegarder l’identité catho-québécoise.
La Cour suprême condamna Duplessis à titre personnel, lequel dû verser à la victime des dommages-intérêt plutôt substantiels pour l’époque (plus de 100 000$). Les motifs sont pour le moins éloquents :
« Dans une réglementation publique de cette nature, il n’y a rien de tel qu’une « discrétion » absolue et sans entraves, c’est-à-dire celle où l’administrateur pourrait agir pour n’importe quel motif ou pour toute autre raison qui se présenterait à son esprit; une loi ne peut, si elle ne l’exprime expressément, s’interpréter comme ayant voulu conférer un pouvoir arbitraire illimité pouvant être exercé dans n’importe quel but, si fantaisiste et hors de propos soit-il […]. La « discrétion » implique nécessairement la bonne foi dans l’exercice d’un devoir public. »
À la place du maire, j’en prendrais de la graine, comme dirait l’autre.
Vous commettez une erreur de taille dans votre récit de l’affaire Roncarelli contre Duplessis. Les témoins de Jéhovah n’ont pas été condamnés pour la simple distribution de littérature pro-Jéhovah, mais suite à la distribution d’un pamphlet intitulé : La haine ardente du Québec pour Dieu, pour le Christ et pour la liberté est un sujet de honte pour tout le Canada. Ce pamphlet ne relevé pas de la liberté d’expression ou de culte mais de l’injure. Ainsi on peut facilement comprendre que Roncarelli n’agissait pas pour protéger la liberté d’expression ou de culte, mais par haine anti-canadienne-française et/ou anti-papiste. Duplessis a bien agit.
(0)
« « deux sources fiables qui ne se connaissent pas l’ont avisé ces derniers jours que les acheteurs de l’hôtel Le Concorde avaient des liens avec Tony Magi ». Il précise que les sources en question ne sont ni l’UPAC ou autre institutions liées à l’immobilier. Il conclut enfin que Magi ne ferait pas partie des acheteurs en tant que tels, mais serait représenté par un prête-nom dans le groupe. »
(a)
Serieusement qui pense que la mafia ou organisations criminelles utilisent pas justement des pretes nom … des conjointes et tutti quanti pour arrive a leur fin … faut pas prendre le monde pour des nono ….
(b)
Je suis pas avocat mais question ben ben basic …
Et puis dans le fond pourquoi cette personne se manifeste pas ? Pourquoi on mentionne pas les noms du groupe d’acheteur …
Quelqu’un pense que c’est pour l’interet publique que c’est pas connu …
Pourquoi on evoque l’avocat de Savoie … mais pas celui du groupe si ceux -ci se pensent dans leur droit ?
(c)
Qu’on arrête donc de prendre le monde pour des nonos …
Moi j’en ai plein le cul de voir des elites corrompus.
(d)
Pour en venir aux avocats et l’etat de droit. J’ai vu tout l’interet du representant du barreau dans la commission Bastarache.
Plutot que de s’interesser a la gamique, derive du processus de nomination …il demandait est-ce que tout le monde sur la liste etait competent … oui … he bien j’ai fait la demonstration qu’on a nomme du monde competent ….
Serieusement apres les firmes de genie, agences de publicites et communications … dans les precedents commission d’enquete …
Serait peut etre temps un jour d’aller voir du cote des grosse firme d’avocat. Quand on voit que 46 avocat d’un meme cabinet donne a un meme parti …. beaucoup de gens se questionne sur les convictions ….
(e)
Tant qu’a moi bravo au maire de Quebec.
L’etat de droit demande pas non plus au pouvoir public d’etre des naïfs.
S’il y a quelque chose que montre les commissions d’enquete c’est que les frequentations, les lieux, les liens d’affaires …
C’est pas de l’ordre de l’anecdote …
(f)
A voir le nombre de personne venu defendre leur integrite ou meme menacer de poursuivre pierrejeanjacques … dans le contexte de la presente commission et le deux ans avant qu’elle soit declencher.
Pour ensuite quitter leur poste en malpropre …
Un gros bof … a ceux qui se dissent victim de diffamation …
—-
(1)
Je me questionne sur quel genre d’état de droit on vient defendre dans ce blogue.
Si c’est un etat de droit naïf …. moi j’en veux pas ….
J’aimerais bien mieux qu’on viennent defendre dans ce blogue l’accessibilite du systeme de justice.
J’aimerais qu’on vienne defendre une meileure formation ethique pour des etudiants qui vont souvent choisir le droit pour le cash … comme s’il passait au banquier ….
J’aimerais bien mieux qu’on s’interesse au processus de nomination des juges. A t-on des mecanisme pour eviter que des avocats soient trop en lien avec le crime organise eux qui sont amene a representer des gens …. la ligne peut etre mince entre bon voisinage et autre chose.
(2)
Ca amuse peut etre le blogueur de voir un baveux de meme.
« Fin renard, l’avocat de Savoie lance alors un défi au maire : quiconque prouvera les liens entre le groupe et la mafia aura droit à une recompense. »
Moi j’en ai des defis ….. pour ceux que ca amuse rhetorique 101 a 2 $…
(a)
Qu’elle poursuive donc cette personne et tient tout le groupe au complet qu’on connaisse leur binette …
Mais ils feront rien …. des paroles des paroles …
(b)
Un autre defis.
Qu’on me prouve donc que dans toutes les allegations de la commission Gomery et la presente commission il y a des innocents qui ont subi de la diffamation ?
Le maire de laval ?
la madame qui pete un cellulaire avec ses pieds ?
peut etre le gars de l’agence qui a photocopier 3 fois le meme rapport pour 500000$ …
Qu’ils aillent au diable les baveux.
(3)
Les avocats aiment peut etre pas la culpabilite par association et plusieurs sont contre des lois de type anti-gang ….
Un defis pour le blogueur … moi j’aimerais qu’on m’explique les derives d’un telle loi.
les troupes de scouts ou les club de natation qui ont eu des problemes avec la loi anti gang ….
Ca fait peut etre pas l’affaire des avocats qui represente ces gens si bien de notre societe mais a part ca.
(4)
Je sais pas si le liens avec Duplessis et les temoins de Jehovat c’etait une maniere subtile de faire entendre que les groupes religieux pourraient faire les frais des soi disant accros dans la lutte a la corruption …
Genre d’attaque au projet de loi 60 et les derives ….
Anyway ….
Mais je pense qu’on devrait regarder le financement de certains lieux de culte. Qui finance, ou va l’argent ect …
Peut etre qu’on devrait regarder aussi comment certaines sectes demande 10 ou 15% et plus et en viennent a profiter des fideles.
On pourrait regarder comment certaines communautes respecte pas le droit a l’education dans notre etat de droit ou la liberte de conscience des enfants.
Un jour l’etat de droit va embarquer la dedans ….