Une lettre saveur pétition émanant de jeunes péquistes appuyant la candidature de Bernard Drainville. Très bien. On veut abattre cette idée circulant que l’ensemble de la jeunesse du parti appuierait Alexandre Cloutier, autre candidat. Très bien aussi. Normal, même, bien qu’on puisse présumer que l’ex-ministre des Valeurs québécoises aurait souhaité un appui plus large que les 61 noms recueillis.
Ceci expliquant peut-être cela, disons que le contenu de ladite lettre fait sourciller. Parait en effet que Drainville est charismatique. Ah bon. Un tribun hors-pair, aussi, comme en témoignerait une vidéo Youtube visionnée plus de 200 000 fois, un record au Québec politique, dit-on. Whou-hou. Encore là, cela dit, pure opinion, tous les goûts résidant apparemment dans la nature. Bref, aucun litige d’importance.
Mais fallait que le bât blesse. On ajoute, sans rire, que Drainville a mené le dossier de la Charte des valeurs avec brio, lui, le rassembleur. Le rassembleur. Je répète : le rassembleur. J’ai crû à l’arnaque. À un texte du Navet. Ou de l’Axe du Mad. Et bien non. Sont paraît-il sérieux, ces jeunes péquistes. Eh ben.
En fait, si tu veux mon avis, PQ (je sais que tu t’en fiches, mais je te le donne tout de même), je te rappellerai que Drainville a été le maître d’orchestre de la pire campagne démagogique du Québec récent. A menti quant à l’existence d’avis juridiques. A mis le feu au contrat social. A cassé du sucre sur le dos de la simple musulmane. A proclamé l’islamisation de Montréal. A voulu modifier la Charte des droits en quasi-catimini. A brandi épouvantails et autres Janette Bertrand et sa xénophobie assumée (il n’y a pas d’autres mots, sauf peut-être « racisme ») afin de faire peur à une clientèle cible et ciblée. Impardonnable et imprescriptible. Dans un parti qui se respecte et qui prétend revenir sur la voie de l’inclusion, Drainville se ferait botter le postérieur en direction de là où il provient, c’est-à-dire le Moyen-Âge. Plutôt, ici, on l’encense. Encore eh ben.
Si tu veux toujours mon avis, PQ, te dirais que tu as autant besoin de Drainville que d’un trou dans la tête. Déjà que tu paieras, au moins pour un certain temps, la facture afférente aux velléités de ton Lionel Groulx version 2.0. Auprès des communautés culturelles. Et des…jeunes.
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Tellement d’expressions brio, mon vocabulaire s’est enrichi.
Vous savez ce qui est démagogique ? Prétendre que le débat sur la laïcité est un débat ethnique. Rien à voir. Dans votre monde, la « simple musulmane » n’est jamais celle qui se bat contre le symbole avilissant qu’est le port du voile. Mieux vaut appuyer celles qui ne veulent pas porter le poids du combat mené par des femmes ailleurs dans le monde. Ouverture sur le monde 2.0.
Pour trop d’anti-charte, les immigrants sont automatiquement des fanatiques religieux qui préfèreraient perdre leur emploi que d’enlever un signe religieux 8h par jour. Très peu représentatif des Néo-Québécois qui ont été nombreux à faire valoir leur appui à la charte (Diouf, Benhabib, Lesbet, Abitbol, Ben Youssef et j’en passe).
Enfin, permettez-moi de vous féliciter pour cette perle : « (Drainville) A voulu modifier la Charte des droits en quasi-catimini ». C’était dans le projet de loi!!! Vous avez le « quasi » assez élastique merci.
Démagogie vous disiez?
Cher M. Lemieux,
L’argument du « même les musulmans le pensent » est un peu usé, et justifierait bon nombre de raccourcis intellectuels. À cet effet, le fait que vous parliez du « symbole avilissant qu’est le port du voile » est révélateur. Qui êtes-vous afin de juger de celles qui portent volontairement ce même voile ? Parce que Bhenabib et cie le dénoncent le port de celui-ci ?
Du reste, sur le volet quasi-catimini de l’amendement de la ChQ, je vous rappellerais que jamais Drainville n’a-t-il osé expliquer la modification à cet instrument quasi-constitutionnel, préférant prétendre ad nauseam que sa Charte était constitutionnelle, fondée sur d’avis maintenant considérés inexistants. Question: sielle l’était effectivement (constitutionnelle), pourquoi un amendement à la Charte des droits ? Vous pouvez répondre à celle-ci? Elle m’intrigue.
Ce ne sont pas les détracteurs – qu’ils s’expriment ici ou pas – qui pourraient manquer à votre billet qui «ose» appeler un chat un chat… Monsieur Bérard!
Votre constat est très juste et votre étonnement à l’égard d’un groupuscule de jeunes péquistes qui encensent Bernard Drainville pour des raisons qui défient le bon sens, et les faits eux-mêmes, s’appuie sur la simple évidence de ce projet de Charte qui n’a rien accompli d’autre que de profondément diviser le Québec.
D’ailleurs, s’il fallait vraiment accoler un qualificatif à Monsieur Drainville, celui de diviseur lui siérait – et de loin – bien davantage que celui de rassembleur.
D’autant que, à constater la «force» de ses appuis dans sa propre formation politique, son côté dit rassembleur bat sérieusement de l’aile, en ce moment. Mais qui sait: après tout, ne faut-il pas «diviser pour régner»? Ce qui est exact pourvu que l’on ait néanmoins pris le soin d’unir d’abord ce que l’on compte ensuite diviser…
(Et voilà un commentaire qui risque de m’attirer des remontrances outrées de la part de partisans de «Drainville le rassembleur», titre qui coiffe ce billet!)
Ce n’est pas la charte en tant que tel mais son instrumentalisation qui aura eu raison du PQ. Accepter de suivre les recommandations de Bouchard-Taylor dont les libéraux et la CAQ suggeraient avant l’élection aurait fait preuve d’un meilleur jugement. Avoir trainé la charte à des fins électoralistes c’était complètement taré.
On s’imagine pourtant que des personnages qui ont eu d’aussi brillantes carrières en politique ou ailleurs auraient du avoir une meilleure vision, une meilleure appréhension du résultat à l’urne.
C’est pas un crucifix que ça prend à l’assemblée Bernard, c’est une tête d’orignal!!!
Pourtant, la charnière temporel se trouve au jour où le Bloc à presque disparu et où Ignatieff n’est même pas rentré dans son propre compté. La reflexion devait se faire là. Le jugement et les mouvements des péquistes est depuis lamentable et le mot est faible. PKP s’est embarqué comme Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. Allez comprendre.
Mario Beaulieu marginalise le Bloc et le PQ semble déterminé à faire pareil.
En effet. Vous m’enlevez les mots de la bouche.
Drainville n’a aucune chance de devenir chef du parti Québécois,Pierre Karl Péladeau sera élu ou peut-être «couronné».L’économie dépasse la laïcité dans la liste des priorités du Québec.Le capitalisme( tant dénoncé dans nos églises Catholiques) assure le maintient des symboles religieux du Québec.C’est tout un paradoxe!