Bertrand Cantat au TNM : Bertrand Cantat au TNM : Wajdi Mouawad et le principe d'infaillibilité
Je pense que

Bertrand Cantat au TNM : Bertrand Cantat au TNM : Wajdi Mouawad et le principe d’infaillibilité

Dans la foulée de la polémique provoquée par la présence de Bertrand Cantat à titre de musicien dans une mise en scène de Wajdi Mouawad, l’homme de théâtre Michel Monty nous a fait parvenir ces mots résumant ce qu’il pense de ce dernier.

Je profite de l’affaire Bertrand Cantat au TNM pour m’exprimer sur le personnage de Monsieur Wajdi Mouawad qui, depuis trop longtemps, nous fait la leçon avec ses spectacles bien pensants et ses formules incendiaires. Monsieur Mouawad est un intouchable. Tout ce qu’il fait est nécessairement ‘génial’ et tout ce qu’il dit est pris comme une parole d’évangile.  À entendre ses admirateurs parler de lui, on a littéralement l’impression  de voir des disciples parler d’un gourou ou d’un prophète. C’est très gênant. En prêchant aux convertis une morale somme toute assez convenu, Monsieur Mouawad a habilement gravi les échelons de sa fulgurante carrière.  À ma connaissance, jamais on ne mentionne qu’il fait un théâtre criard, moraliste et manichéen qui nous infantilise en nous disant quoi penser et comment penser. D’un spectacle à l’autre (ou presque) c’est le même message simpliste et gna gna qui est martelé : la guerre c’est pas gentil. On ne mentionne pas non plus qu’il se fait un capital financier important  en faisant de la guerre le centre de son discours. Qu’il ait vécu un traumatisme dans l’enfance, je veux bien. Mais exploiter cela de manière systématique laisse perplexe.   Mais, au delà de ces considérations, ce qui est vraiment dérangeant, c’est qu’on lui confère le principe d’infaillibilité, comme le Pape.   Ainsi, quand il insulte ceux qui financent son travail, on vante sa pureté artistique. Quand il engage Cantat, on dit qu’il est magnanime de pardonner à un meurtrier, etc, etc. Y-a-t-il une fin a tant de complaisance? C’est quand même aberrant notre manière de courber l’échine. Monsieur Mouawad s’est créé un personnage qui est devenu plus important que son oeuvre. C’est d’un narcissisme évident on alimente ce culte de la  personnalité. Quand j’entends Monsieur Mouawad en entrevue, je suis outré par sa prétention et sa manière de se mettre moralement au dessus de la mêlée. Lui seul connait la guerre, la souffrance humaine et il est là pour nous en faire la leçon. Pourtant Monsieur Mouawad a grandi dans le confort de Paris et Montréal, pas sur le champs de bataille ou dans une ville assiégée !!! Est-ce que la  seule consonance de son nom lui donne une autorité morale sur ‘la guerre’? Il serait pertinent de creuser un peu son passé et ses  allégations au lieu de boire ses paroles comme une eau bénite. Comment peut-on se laisser berner par un tel discours?  Le fait qu’il choisisse Cantat pour un spectacle sur les femmes révèle soit sa stupidité et son manque de jugement ou, alors,  son sens de la provocation opportuniste. Quoiqu’il en soit, j’espère que cette fois-ci on ne va pas se laisser avoir en acceptant qu’il se terre dans un silence lâche comme il le fait actuellement. Et si il ose nous dire une formule du genre  ‘l’artiste n’a pas à se justifier’, et bien je saurai alors à qui nous avons vraiment affaire. Et, plus que jamais, je me méfierai de cet homme et de son discours.