Crise de confiance politique au Québec : Lettre à Jean Charest
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Crise de confiance politique au Québec : Lettre à Jean Charest

Alors qu’une crise de confiance envers la classe politique secoue le Québec, nous publions cette lettre ouverte à Jean Charest signée par les artisans du documentaire Godin

Monsieur Jean Charest, premier ministre du Québec

Notre colère était grande ; elle est maintenant immense. Le rapport de l’Unité anticollusion qui a été dévoilé la semaine dernière confirme ce que tous soupçonnaient déjà : nous sommes arnaqués, spoliés, nous, citoyens du Québec, par un système organisé de collusion favorisant des escrocs et des intérêts particuliers et qui plus est, menaçant les fondements démocratiques de cet État.

Alors que votre gouvernement cautionne cette situation par son refus obstiné de tenir une commission d’enquête publique sur la construction, vous vous apprêtez honteusement à procéder à des compressions de 800 millions de dollars, principalement en éducation et en santé. Cela est profondément ignoble.

Votre gouvernement demande déjà aux étudiants universitaires de contribuer davantage à leurs études, et ce, au risque de mettre en péril l’accessibilité à l’éducation. C’est maintenant les commissions scolaires et les Cégeps qui sont dans votre mire. Vous assénez une véritable gifle au visage de la jeunesse, l’avenir de ce pays, pendant que de l’autre main vous semblez protéger les intérêts d’entreprises frauduleuses et les bandits en tous genres par votre inaction pour le moins suspecte. Et que dire des coupures en santé dans l’état actuel de notre réseau. C’est une aberration. Vous nous dites de ne pas nous inquiéter ; en un mot, que vous ne couperez que dans le « gras ». Laissez nous en douter, vu le peu d’empathie et de considération que vous manifestez pour la population.

Par votre attitude, vous préférez humilier et mépriser tous ceux qui chaque jour se lèvent pour aller honnêtement gagner leur vie ou étudier afin de participer à l’épanouissent de la société et qui n’ont pas d’amis haut placés et de relations, mais qui, malgré les éraflures quotidiennes, continuent de bâtir ce pays avec dignité.

Mais ce peuple a plus de cœur au ventre que vous, monsieur Charest. Il est patient, il endure quelquefois servilement, dit-on, mais il a démontré en bien des occasions que, lorsqu’on rajoute l’insulte à l’injure, comme vous le faites, et bien là, il ne tend pas l’autre joue. Il en a assez. Il sacre (il en a bien le droit), il crie à pleins poumons son indignation et se lève pour aller congédier les usurpateurs de la démocratie avalisant l’injustice.

Parce que, monsieur Charest, l’injustice est peut-être le mot que ce peuple abhorre entre tous, qui le fait sortir de ses gonds et l’irrite à un point que vous ne pouvez imaginer. Vous le verrez. Samedi, devant l’Assemblée nationale et vos bureaux de Montréal, tant qu’il le faudra, le peuple sera là pour vous rappeler que le mot justice a encore un sens et pour vous faire entendre raison.

Vous ne pourrez plus faire la sourde oreille bien longtemps. Les Québécois, d’une seule voix, vous disent que l’État ne vous appartient pas. Ils sont là pour reprendre ce qui leur est dû, leur pays, simplement.

Simon Beaulieu, documentariste

Benjamin Hogue, réalisateur et producteur

Marc-André Faucher, producteur et documentariste