Les actions du gouvernement Marois : Du PLQ au PQ: un changement de direction vous avez dit?
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Les actions du gouvernement Marois : Du PLQ au PQ: un changement de direction vous avez dit?

Julie Larochelle-Audet et Catherine Miron, deux étudiantes à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, ont écrit conjointement ce texte suite aux arrestations de masses à Montréal et aux coupures annoncées par le gouvernement Marois.

Les politiques mises de l’avant par le Parti Québécois (PQ) depuis son élection confirment les appréhensions d’une partie de la population québécoise: le changement de direction si chèrement promu par le PQ lors de la campagne électorale semble avoir été complètement éclipsé. À ce moment-là, Mme Marois scandait: «les Québécois sont inquiets. « Qu’est-ce qui se passe Madame Marois? Comment ça se fait que chaque semaine amène des nouvelles sordides d’aînés négligés ou maltraités? Pourquoi je n’arrive pas à avoir accès à une place en garderie, à un médecin de famille pour mes enfants? Pourquoi le gouvernement empêche les jeunes de s’exprimer plutôt que de s’asseoir et de discuter avec eux? Ça ne ressemble pas au Québec qu’on aime. »  Je suis d’accord avec eux. Nous devons changer de direction.» (Allocution tenue lors du lancement de la campagne électorale dans Gouin, pq.org/actualite/nouvelles). Aujourd’hui, on charcute les acquis sociaux si chers à «notre société québécoise» en attaquant les catégories de la population les plus fragiles, c’est-à-dire les personnes âgées, les assistés sociaux et les familles ayant des enfants. Et le droit d’expression, alors si cher à Mme Marois, est toujours compromis. Quand on considère en plus que Jean-Bruno Latour, porte-parole du SPVM, a ouvertement dissocié droit d’expression et manifestation, affirmant candidement qu’«il n’y pas de droit de manifestation», nous voilà bien rassurés sur les possibilités infinies garanties par notre «belle démocratie».

Marois a affirmé, et a été largement citée dans les médias, «la crise sociale est dernière nous». Ce discours, se voulant rassurant, semble toutefois, près d’un mois plus tard, poindre vers une réalité toute autre. Il aurait alors été plus exact de dire: «nous prendrons tous les moyens pour que cette crise sociale soit derrière nous». Tout comme le gouvernement précédent, le pouvoir politique entend réaffirmer son autorité, s’appuyant sur une «légitimité électorale», afin de contrôler les actions de contestation. Par contre, pas question de reproduire un quelconque projet de loi 78, la grande maladresse des Libéraux, qui leur coûta probablement leur défaite. De toute façon, les forces policières et les outils juridiques en place permettent déjà d’exercer ce contrôle, sans alerter les Québécois. L’article 500.1 du Code de la sécurité routière et le règlement P-6 de la ville de Montréal permettent au SPVM de procéder à des arrestations massives, et ont été abondamment utilisés au cours des dernières semaines auprès de centaines d’individus exerçant leur liberté d’expression, dont plus de 200 lors de la manifestation avortée du 22 mars dernier. Comme l’énonce Me Poitras, le fait que l’article 500.1 soit aussi appliqué lors d’«actions concertées» compromet le droit d’expression conféré par les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés (Le Devoir, 23-24 mars 2013). Ce type d’arrestations, dénoncées depuis 2005 par l’ONU comme étant une façon antidémocratique de gérer des manifestations, ne font qu’augmenter depuis l’élection du PQ. D’ailleurs aucun membre du gouvernement, ni même le ministre de la sécurité publique, n’a voulu commenter les dérives policières survenues au cours des derniers jours, telles que les arrestations de masse systématiques, laissant croire à des interventions autonomes des forces policières montréalaises (rappelons ici que le SPVM a bénéficié de l’aide de la Sûreté du Québec lors de la manifestation du 15 mars dernier). Il est important de se rappeler que la limite du droit de manifester, c’est la sécurité publique, pas le droit de se promener en voiture ou d’aller magasiner. Aucune manifestation n’a menacé la sécurité publique jusqu’à maintenant.

Alors qu’au printemps dernier, Pauline Marois était dans la rue, aux côtés des mouvements citoyens, martelant haut et fort: «Jean Charest veut faire taire les Québécois!», quelques mois plus tard, le gouvernement qu’elle dirige poursuit les mêmes visées que ses prédécesseurs. Il est clair que le gouvernement Marois tente de ménager la chèvre et le chou depuis le début, coupant les gens qui ne peuvent se défendre pour faire plaisir aux élites de notre société, celles qui détiennent le réel pouvoir, l’argent. Malgré tout, les étudiants demeurent alertes et se font un devoir de rappeler à la population qu’il est important, collectivement, de se questionner sur la restriction du droit de manifester. Il est justifié de croire que nous glissons tranquillement vers un état policier où toute contestation politique sera immédiatement réprimée et judiciarisée: arrestations, détention, émission de constat d’infractions… Une chose est claire, la contestation n’est pas à l’ordre du jour. Québécois, rentrez chez-vous maintenant. Et laissez-nous chambarder le Québec, à notre façon.

Catherine Miron

Julie Larochelle-Audet

Étudiantes de la Faculté des sciences de l’éducation, UQAM