BloguesVoix publique

L’heure du choix

 

 

Au-delà des sondages, ce lundi, 2 mai 2011, chaque électeur décidé à aller voter, autant au Québec qu'au Canada anglais, aura un choix important à faire. 

Mais ici, la question est plus complexe encore.

Comme je l'écrivais dans ma chronique du 27 avril, les électeurs doivent en même temps choisir qui portera la «voix» distincte du Québec à la Chambre des communes. http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2011/04/27/l-226-cher-la-proie-pour-l-ombre.aspx

Or, cette réponse ne sera pas sans conséquences, potentiellement même majeures.

Voici d'ailleurs comment le Toronto Star voit ces mêmes conséquences – lequel, en éditorial, donne son appui au NPD: «The party is on the verge of a historic breakthrough in Quebec, which would go far toward establishing it as a truly national party. Pushing back the Bloc Québécois is an enormous service to all Canadians. For the long-term unity of the country it is vital to have a national federalist leader trusted in Quebec as well as other regions. Layton's roots in Quebec have proven key to thishttp://www.thestar.com/opinion/editorials/article/983376–toronto-star-endorses-the-ndp 

Et, voici comment je l'écrivais ici ce même 27 avril: «Quel que soit ce choix, il sera légitime. La voix du peuple est souveraine. L'important est d'aller voter. C'est alors que l'on saura si le Québec désire ou non – pour reprendre l'expression du stratège libéral John Duffy – "normaliser" sa participation au sein du Canada en accordant sa confiance à un parti national. Si oui, le réalignement des planètes politiques, ici et au Canada, risque d'être spectaculaire et ses effets, proprement imprévisibles…»

*****************************************************************

Quant au PLC, son «sort» à moyen terme dépendra essentiellement de deux choses. 

Primo: si Stephen Harper récolte une majorité ou une minorité de sièges. 

Secundo: s'il perdra ou non son statut d'opposition officielle.

À terme, si tel devait être le cas, plusieurs se poseront alors la question que je posais dans ma chronique du 6 avril – ici, avant la montée du NPD: assisterons-nous, ou non au «déclin de l'empire libéral»?… http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2011/04/06/le-d-233-clin-de-l-empire-lib-233-ral.aspx

*****************************************************************

Sur ce, au-delà des préférences des uns et des autres, soulignons la détermination et le courage dont auront fait preuve, tout particulièrement, les deux chefs sûrement les plus «malmenés» par cette fin spectaculiare et surprenante de campagne: Gilles Duceppe et Michael Ignatieff.

Pour Gilles Duceppe, la tempête néo-démocrate a cela d'injuste qu'elle fait oublier la popularité et le respect dont il jouissait pourtant jusqu'à la mi-campagne.

La politique est un sport extrême. Et parfois, elle devient aussi amnésique.

Quant à Michael Ignatieff, force est de reconnaître qu'il aura mené, avec énergie, une campagne respectueuse des adversaires, avec un programme détaillé mais passé inaperçu, comme c'est souvent le cas, paradoxalement, lors des campagnes électorales (!). 

Et, parlant «courage», soulignons aussi celui de Jack Layton. Non seulement il aura confondu tous ceux et celles qui, en début de campagne, le bombardaient de questions sur son «état de santé» comme s'il était presque sur son lit de mort, mais il aura aussi livré la fin de campagne fédérale la plus étonnante des derniers dix ans.

*****************************************************************

Du côté de Stephen Harper, par contre, ce fut une toute autre histoire.

Les publicités hautement négatives du PCC furent une combinaison de demi-vérités et de préjugés.

La facilité avec laquelle le chef conservateur aura continué d'exploiter l'ignorance généralisée des Canadiens quant à leur propre système parlementaire en fut un autre aspect marquant.

Et, en toute fin de campagne, face à une montée du NPD qui ne faisait plus que diviser le vote non conservateur, mais qui menaçait tout à coup son rêve d'une majorité, Stephen Harper se sera surpassé dans le département de la malhonnêteté intellectuelle, en sortant les pires arguments de peur possibles quand à la «destruction» qui attendrait le Canada avec une «coalition dirigée par le NPD» (???).

Ses tentatives répétées de contrôle des médias – et ce, jusqu'à dicter encore et encore le nombre, très restreint, de questions posées lors des points de presse (souvent tenus devant des foules hautement partisanes qui, elles-mêmes, tentaient parfois même d'enterrer les questions des journalistes) – tout cela restera aussi de triste mémoire pour la qualité de la démocratie canadienne.

**************************************************************

Sur ce, les VRAIS résultats seront connus lundi soir…

En attendant, bonne réflexion…

*****************************************************************

@ Photo: Chris Wattie, LPC