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Commission Charbonneau: la seule chose qui compte pour Jean Charest…

 

La bonne nouvelle: Jean Charest annonce ENFIN l’adoption d’un décret qui soumet, ENFIN, la Commission Charbonneau à la Loi sur les commissions d’enquête.

La moins bonne: le bon peuple fait rire de lui un tantinet lorsqu’on lit ce passage du communiqué de presse: «l’honorable France Charbonneau, juge à la Cour supérieure du Québec, a informé le gouvernement qu’il apparaît essentiel, pour permettre à la Commission d’exécuter pleinement son mandat, que les pouvoirs et immunités prévus par la Loi sur les commissions d’enquête soient attribués à la commission qu’elle préside

Pardon? Ce dont l’honorable France Charbonneau a «informé» le gouvernement est précisément ce que le Barreau lui avait déjà dit, les partis d’opposition, les analystes, etc….

Y a-t-il un pilote dans l’avion?

Dans le même communiqué, on peut aussi lire ceci: «le premier ministre a tenu à rappeler que la Commission d’enquête aura notamment comme mandat d’examiner l’existence de stratagèmes et, le cas échéant, de dresser le portrait de ceux qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics dans l’industrie de la construction, incluant notamment les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités, et les liens possibles avec le financement des partis politiques.»

Pardon? Il a «tenu à rappeler»? Rappeler ce que le Québec presque tout entier réclame depuis déjà presque trois ans?

Ce qui nous amène à l’évidence des évidences: la Commission Charbonneau n’aura jamais terminé ses travaux d’ici la prochaine élection générale.

Et pour le premier ministre – même si ce recul est en fait le énième de ce gouvernement sur un dossier controversé suite à des mois ou des années de pression populaire -, c’est bien là, la seule chose qui compte.

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Pour se mettre en appétit, à lire: ce texte d’un des deux commissaires nommés, Roderick A. Macdonald, paru tout récemment, le 7 octobre, dans Le Devoir.

Entre autres choses, il écrivait ceci (1): «Les commissions publiques les plus désastreuses ont été celles qui examinaient le passé pour enquêter sur des crimes allégués. Une bonne enquête policière peut dévoiler des faits d’une manière bien plus efficace qu’une commission. En fait, les commissions publiques ont souvent l’effet de compromettre la preuve qui aurait été nécessaire pour assurer l’assise d’une accusation criminelle. Par ailleurs, une commission n’a pas le pouvoir de condamner un malfaiteur. Sans parler du cirque médiatique qui peut en découler. Nos commissions ressemblent davantage à des chasses aux sorcières qu’à des enquêtes ayant comme objectifs de renouveler nos politiques publiques: bon spectacle, mauvais résultat!»

La juge Charbonneau aurait-elle réussi à lui faire changer d’avis aussi rapidement? Si oui, elle doit être d’une efficacité proprement redoutable…

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 (1) Merci pour cette référence à Michel Laurence sur Twitter.