Yves Roby : Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre
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Yves Roby : Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre

Dans Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, Yves Roby explique ce qui a poussé tant de gens à migrer, et propose un portrait détaillé des conditions socioéconomiques dans lesquelles ces cousins des États ont vécu du milieu du XXe siècle à nos  jours.

Rêves et réalités

De 1840 à 1930, ils ont été au moins 900 000! Près de un million de personnes (pratiquement un Québécois sur quatre) ont pris le chemin des "factries" de la Nouvelle-Angleterre. Certains pour quelques années; d’autres pour toujours. Au Vermont, au Massachusetts, au New Hampshire, au Rhode Island, ils ont travaillé dans les usines qui ont fait les grandes fortunes industrielles des États-Unis. Ils revenaient parfois, en vacances, visiter les quelques membres de famille demeurés au pays, avec un peu d’argent américain dans les poches, et un drôle d’accent sur les lèvres: les mononcles et les matantes des États! Ils étaient les descendants d’agriculteurs sans le sou; ils sont devenus les Canucks: les Franco-Américains.

Dans Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, Yves Roby explique ce qui a poussé tant de gens à migrer, et propose un portrait détaillé des conditions socioéconomiques dans lesquelles ces cousins des États ont vécu du milieu du XXe siècle à nos jours. On y découvre comment ils ont réussi à faire survivre leur langue et leur culture françaises pendant pratiquement un siècle. Ainsi que ce qui a conduit les deux ou trois dernières générations de Franco-Américains à l’assimilation presque totale.

On peut éventuellement reprocher au livre de se consacrer trop exclusivement à l’étude de la vie économique et sociale des Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, et de ne pas assez se pencher sur leur vie culturelle. Après tout, nombre de grands écrivains "québécois" du XIXe siècle sont nés ou ont longuement séjourné dans les populeux quartiers francophones des villes industrielles de la région; le plus grand écrivain états-unien de la seconde moitié du XXe siècle, Jack Kerouac, était un Canuck de Lowell, au Massachusetts! Et les tournées de tous les artistes québécois de la première moitié du siècle: La Bolduc, La Poune, Ti-Zoune, etc., passaient obligatoirement par le "Petit Canada" de la Nouvelle-Angleterre.

Cela tient en partie au fait que c’est une histoire de working class heroes que raconte Yves Roby dans Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre. Des ouvriers, du monde ordinaire, du pauvre monde que la misère a acculé à l’exil, des gens qui ont passé leur vie dans le vacarme des machines de l’industrie textile et qui n’avaient guère les moyens ni le temps de se consacrer à la culture. Un million de Québécois dont le destin a été mis dans les oubliettes de notre histoire! – et qu’on redécouvre enfin grâce aux travaux d’Yves Roby. Éd. Septentrion, 2000, 530 p.

Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre
Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre
Yves Roby