Mary l'Irlandaise : Maryse Rouy
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Mary l’Irlandaise : Maryse Rouy

À l’époque où les Patriotes fomentent leur insurrection, le Bas-Canada grouille d’immigrants venus tenter leur chance en cette contrée certes agitée, mais où l’avenir apparaît prometteur. Il en est autrement pour Mary O’Connor, jeune Irlandaise exilée contre son gré en 1833, et dont Maryse Rouy brosse un portrait criant de vérité.

À l’époque où les Patriotes fomentent leur insurrection, le Bas-Canada grouille d’immigrants venus tenter leur chance en cette contrée certes agitée, mais où l’avenir apparaît prometteur. Il en est autrement pour Mary O’Connor, jeune Irlandaise exilée contre son gré en 1833, et dont Maryse Rouy brosse un portrait criant de vérité. L’auteure, dont on connaît le doigté pour le roman historique depuis Les Bourgeois de Minerve (1998) et Guilhèm ou Les Enfances d’un chevalier (1997), signe avec Mary l’Irlandaise un premier roman dont le cadre est nord-américain.

Mary n’a pas quinze ans quand son père, interprétant une apparition nocturne comme l’annonce de la mort de sa fille, l’envoie en Amérique pour conjurer le mauvais présage. Sean O’Connor confie donc la fillette à sa tante Nora, qui compte faire le voyage, sans savoir que celle-ci est l’incarnation même de la mesquinerie et de la roublardise. Après une traversée périlleuse, durant laquelle Mary jurera de ne plus jamais prendre la mer, les immigrants accostent à Québec pour ce qui ne doit être qu’une escale, New York étant leur destination finale. Mais Mary n’atteindra pas les rives de l’Hudson, sa tante lui soutirant tout son avoir avant de l’abandonner en terre inconnue.

Heureusement, Mary bénéficie depuis peu de la protection des Shandon, riches Irlandais qui l’engagent comme femme de chambre. Au service d’Elena Shandon, jeune femme superficielle et mondaine mais généreuse avec elle, Mary fait de la vie un apprentissage accéléré. Entre les moqueries des jeunes Canadiens, qui se méfient des Irlandais, et les rigueurs de ses tâches domestiques, elle s’attache néanmoins à ce nouveau pays, sachant bien que les choses auraient pu tourner plus mal pour elle.

Dans une reconstitution historique ayant nécessité de longues recherches, Maryse Rouy plonge le lecteur dans un Québec tumultueux, meurtri par les dissensions politiques et religieuses, les rigueurs d’un hiver encore indompté, et les épidémies de choléra. La jeune Mary, dont les mésaventures ont trempé le caractère, y développe bientôt une grande force morale et un sens de l’entraide qui lui attirent la sympathie de plusieurs.

Inspiré d’une histoire vraie, celle de Mary Hugues, ce roman intègre fort habilement le contexte historique, sans jamais reléguer la trame romanesque au second plan. On croit jusqu’à la dernière page à cette petite Irlandaise malmenée mais courageuse, ainsi qu’aux nombreux personnages qui croisent sa route. On croit tout autant aux descriptions de cette nation naissante et bigarrée.

En un mot, tous les ingrédients du best-seller sont là, en plus d’un brio littéraire certain. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Éd. Québec Amérique, 2001, 340 p.

Mary l'Irlandaise
Mary l’Irlandaise
Maryse Rouy