Marie NDiaye : Trois Femmes puissantes
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Marie NDiaye : Trois Femmes puissantes

C’est non pas un roman, mais bien trois. Trois histoires dures et tristes, bouleversantes parce qu’appuyées par un ton juste, une langue dense mais limpide, capable d’exposer en deux ou trois lignes des sentiments profonds, complexes. Il y a d’abord Norah, Française qui retourne à Dakar pour retrouver le père qui l’a abandonnée vingt ans plus tôt; il y a Fanta, «poulette aux ailes rognées», Sénégalaise qui a dû suivre, malgré elle, son mari à Bordeaux; enfin, il y a Khady qui, chassée par sa famille, tente la longue et difficile migration de l’Afrique à l’Europe. Trois Femmes puissantes pourrait être un roman social, mais ce n’est pas le cas. Si les iniquités africaines et le racisme des blancs en prennent pour leur compte, là n’est pas le principal propos. Marie NDiaye préfère explorer la conscience «diffuse, souterraine, gênante» de ses personnages plutôt que de faire de la politique. Son roman traite ainsi des rapports entre forts et faibles, hommes et femmes, nantis et pauvres, blancs et noirs, enfants et parents lorsqu’ils s’inscrivent dans le microcosme des familles. Ici l’enfer ce n’est pas les autres, ce sont nos proches. Car c’est la cruauté ordinaire qui est la pire, en tout cas la plus fréquente. C’est elle qui nous pousse à la fuite, à la révolte ou à la résignation. Éd. Gallimard, 2009, 316 p.

Trois Femmes puissantes
Trois Femmes puissantes
Marie NDiaye
Gallimard