Publié en 1994, Chronique de la dérive douce est le premier chapitre d’un dialogue entre un gamin du Sud et le pays du Nord qui l’accueille, dialogue dont on sait à quel point il allait se révéler fécond. Nous voilà sur les pas d’un Dany Laferrière qui débarque à Montréal, au milieu des années 1970, partagé entre souci pour les proches laissés derrière, inquiétudes pécuniaires et ivresse de liberté: «Je n’ai pas encore d’amis. Ni de domicile fixe. Ma vie est entre mes mains.» Le texte entremêle, comme toujours chez l’écrivain, observations amusées, tensions érotiques, polaroïds sociopolitiques et dérive douce, quand les mots glissent du côté du rêve et que le boulevard Saint-Laurent débouche sur Port-au-Prince. Le roman paraît de nouveau, dans une version augmentée. Une sorte d’«énigme de l’arrivée», où les questions valent plus que les réponses.