Philippe Girard : La mauvaise fille
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Philippe Girard : La mauvaise fille

Au fil d’une histoire qui ne laisse au départ rien présager de plus qu’un imbroglio d’étudiants à propos d’un valentin livré à la mauvaise adresse, Philippe Girard (Tuer Vélasquez, Rewind) nous aiguille sur la voie d’un voyage historique dans le Québec des années 30. Car La mauvaise fille, ce n’est pas simplement celle qui a reçu par erreur un poème et une boîte de chocolats, mais aussi celle qui, à l’époque des bootleggers, des alambics clandestins et de la contrebande de bagosse, était difficile à marier, risquant de finir vieille fille. Bien appuyé sur son talent en dessin, Philippe Girard nous livre ainsi des planches franches et imaginatives, parfois même étonnantes, qui sauvent un peu un scénario qui, bien que présentant de bonnes surprises épisodiques, ne décolle pas vraiment de l’anecdote. Tout de même un bon moment de lecture qui vaut le détour. En effet, le style graphique de Girard est irréprochable dans le genre, précis, apte à témoigner des émotions des personnages malgré un trait plutôt minimaliste. Le jeu des couleurs est franc et opaque, chaleureux même. La scène de l’incendie au CN, par exemple, une page où aucune parole n’est prononcée, laisse deviner le feu sur les visages et une ambiance à la fois tendue et sentimentale. Du solide. On a cependant du mal à croire que les méchants sont méchants et que la colère, le doute et l’amour, fils conducteurs du récit, sont bien réels. On se laisse tout de même prendre à cette nouvelle graphique avec beaucoup de plaisir, mais on aurait croqué à belles dents dans un peu plus de viande autour de l’os du fait divers. Éd. Glénat Québec, 2012, 167 p.

La mauvaise fille
La mauvaise fille
Philippe Girard
Glénat Québec