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Denis Bégin / Katapulpe : Littérature 2.0

Fanzine et courte durée de vie vont de pair. Denis Bégin, le fan à la barre de Katapulpe depuis 2008, peut se targuer d’une entorse à la règle.

Avec les XYZ, Zinc et autres Moebius, la nouvelle littéraire se voit plutôt bien desservie au Québec. Denis Bégin, fondateur de Katapulpe, entrevoyait cependant un créneau inexploité. "À l’université ou au cégep, les textes des étudiants sont lus en classe, mais il n’y a pas de suite. Souvent, on passe à côté de textes qui mériteraient de déboucher vers un public extérieur. En ce sens, j’aimerais que Katapulpe devienne un peu le Cégeps en spectacle de la création littéraire, une revue dans laquelle les auteurs qui démarrent peuvent s’afficher. Je ne voulais toutefois pas faire qu’une revue de nouvelles, mais y mêler également un autre média artistique, d’où l’idée du design graphique."

Car son originalité, ce fanzine la tire surtout de ce que chacun des textes publiés voit sa création prolongée par un designer graphique. "Katapulpe est désormais intégré en design d’édition, à l’Université Laval, et fait partie du plan de cours. Les étudiants en design lisent les textes et créent un univers visuel à partir de leur interprétation. Ainsi, chaque nouvelle a son espace graphique qui la complète et l’amène plus loin."

Toujours unifiés par un thème choisi, les textes retenus s’inscrivent néanmoins dans une structure dispensée de contraintes éditoriales et sont peu retouchés. "Le fanzine est en ce sens à l’opposé du magazine conventionnel. C’est en quelque sorte le festival Off du magazine littéraire, une vitrine pour les auteurs, les illustrateurs et les designers qui débutent, une bougie d’allumage qui permet souvent une première publication. Il te permet d’expérimenter, mais également d’être vendu; on a cinq points de vente à Québec, le fanzine est disponible en ligne, des auteurs étrangers l’achètent. Sur 250 exemplaires tirés, j’en écoule 125."

En route vers un 13e numéro – une longévité plutôt rare dans le monde du fanzine, publié à compte d’auteur et distribué en marge des canaux habituels -, Katapulpe se donne, depuis sa fondation il y a quatre ans, le loisir de se réinventer continuellement, avec ce que ça a de bon… et de moins bon. "On expérimente beaucoup. Y a des choses qu’on a essayées et on s’est plantés, d’autres nous ont emmenés ailleurs: c’est ce qui est intéressant du fanzine, son aspect libre. Les étudiants qui y participent trouvent d’ailleurs que c’est le projet le plus stimulant. Sur le marché du travail, jamais tu ne retrouveras une telle carte blanche."

www.katapulpe.com