Miléna Babin : Les fantômes fument en cachette
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Miléna Babin : Les fantômes fument en cachette

Promise comme la voix d’une génération, la pouliche des Éditions XYZ propose un premier roman honnête et empreint d’une indéniable sensibilité.  

Bien qu’il ne soit pas vanté comme tel, Les fantômes fument en cachette joue dans la talle de l’érotisme adulescent à grands coups de sexes humides, de pénis bandés et de mamelons percés. C’est audacieux, certes, mais ça manque de fini et c’est tout sauf excitant. Pour le lecteur adulte, en tout cas, qui aurait pu lire Duras ou Réage au préalable.

Et c’est là, en partie, qu’échoue Miléna Babin. La narratrice réfléchit au sexe presque en permanence, soit. Mais encore faudrait-il insuffler à l’acte – si souvent décrit dans le livre – un minimum de sensualité en le décrivant avec davantage d’originalité et de finesse dans la plume. Les flashbacks cochons s’enchaînent, les expériences bicurieuses aussi, et pourtant l’exercice témoigne d’un manque évident de personnalité chez l’auteure, comme si elle s’était appuyée sur ses scènes de baise pour donner un certain edge à son roman. C’est fade et bourré de lieux communs. On décroche avant que le moindre coup de langue ne soit échangé.

Les dialogues, eux aussi, semblent avoir été calqués sur un roman Harlequin. Des citations plaquées, peu réalistes et sortant de la bouche de personnages secondaires à peine développés. Dans ce livre, c’est la narratrice qui prend toute la place et qui se regarde le nombril en quasi-permanence, de même que dans le regard des autres. Pourquoi en avoir fait un roman à la structure classique et chronologique, dans ce cas? Pourquoi en avoir fait un long plan-séquence si l’essentiel de l’ouvrage repose sur les pensées de cette Maeve qui, autrement, aurait presque pu être fascinante, au final?

On sent malgré tout une soif d’écrire chez Babin qui passe à travers les (trop) nombreuses phrases prémâchées. Comme une chanteuse qui n’aurait pas encore trouvé sa voix. Comme un cinéaste qui n’aurait pas encore visionné assez de films avant de se lancer dans la réalisation de son propre long métrage.

Reste que Les fantômes fument en cachette est une mignonne carte postale du passage vers l’âge adulte qui tarde, enjolivée d’introspection au féminin par segments. Le tout dans un quartier Montcalm magnifié et vivifié par l’auteur.

Mais, au final, on referme le livre avec une impression qui se rapproche de celle que l’on ressent à l’après-lecture d’un livre jeunesse de la courte échelle.

 

Les fantômes fument en cachette
Les fantômes fument en cachette
Miléna Babin
Éditions XYZ – Quai No. 5