Voici un roman qui aurait pu être réussi. Le titre en était intéressant, de même que la couverture soignée et le parcours de l’auteure Élise Fontenaille, qui a déjà publié chez de gros éditeurs et a signé le succès Le garçon qui volait des avions.

Le sujet, lui aussi, était réellement pertinent, puisqu’il touche l’histoire de la République dominicaine, un pays que l’on connaît davantage pour ses plages et ses gros hôtels que pour son passé. Or, un pan original de ce passé, qui s’affiche toujours sur les billets de 200 pesos locaux, est lié à trois sœurs qui ont fait flancher le pouvoir dictatorial en place dans les années 1950. Effectivement, Minerva, Patria et Maria Teresa Mirabal sont devenues de vrais symboles de la résistance en s’élevant ouvertement contre Rafael Trujillo, un dictateur sanguinaire coupable de plusieurs dizaines de milliers de morts, d’enlèvements et de tortures. Amateur de jeunes filles vierges à déflorer, Trujillo a voulu s’attaquer à la belle Minerva, qui lui a non seulement résisté, mais a poussé l’audace en étant l’une des premières femmes du pays à étudier le droit et à s’impliquer corps et âme dans la résistance, perdant plusieurs proches au passage avant d’elle-même se faire assassiner, avec ses deux sœurs, en 1960.

Jusque-là, tout aurait bien été si Élise Fontenaille n’avait pas décidé que son personnage central, Mina, la petite fille fictive de Minerva vivant aux États-Unis et désirant en savoir plus sur ses origines, serait d’un manque de profondeur marqué. Prenant pour acquis que la jeune fille devait nécessairement penser et s’exprimer de manière quelconque, le récit est plus souvent qu’autrement anecdotique, s’attachant davantage à une vision touristique de l’île et à la beauté physique de Minerva, qu’aux détails sur la résistance menée par les sœurs Mirabal. Avec des excès de mièvrerie, de-ci de-là, qui cachent probablement un manque de recherche et de respect vis-à-vis des véritables héroïnes de cette histoire. C’est bien dommage.

Éditions du Rouergue

2014

72 pages